Le nouveau Max de Radiguès ! Sauf qu'il n'est cette fois qu'au scénario. Et quitte à changer, le monsieur abandonne ses histoires habituelles (mais toujours excellentes) de pré-adolescent, et nous tisse le portrait d'un personnage des années 30 : un certain Weegee. L'auteur est toujours doué pour créer des portraits profondément humain de ses sujets. Et concordant avec le sublime noir et blanc de Wauter Mannaert, l'homme que nous suivons alterne entre deux facettes. Arpentant un New-York nocture, le photographe est tel un vautour à la recherche du moindre accident et meurtre afin d'en tirer la meilleure photographie. Il peut ainsi la revendre au journal le plus offrant. Véritable artiste, cet homme n'hésite guère à manipuler le cadavre pour en tirer le meilleur angle ou l'effet le plus puissant. Hélas, si la célébrité est là, il est également présenté comme un homme insensible à la peine d'autrui et morbide de sa fonction. Mais l'autre facette de ce New-York populaire violent de nuit, est le New-York des petites gens du jour. Weegee se révèle un homme fortement lié à son quartier, connaissant tout et tout le monde. Fini l'homme de la nuit, le photographe devient le bon tonton un peu acariâtre, mais bon vivant, qui se confie à ses amis d'enfance sur ses rêves et ses frustrations.
Car oui, Weegee est également le portrait d'un homme qui ne se sied pas à sa fonction. Ce dernier cherche à quitter les ténèbres qui l'empoisonnent et vise un avenir à la lumière des projecteurs, en compagnie des vivants richement vêtu et connu. La lecture de la bande-dessinée vous dira ce qu'il en a été, ce qu' a été cet homme, vers où sa carrière l'a conduit.
Un tournant intéressant dans la carrière de Max de Radiguès qui prouve qu'il est également capable de tirer ce qui fait l'humain pour l'introduire dans ces personnages de papier. Ils en deviennent soudainement saisissants de réalité.