2 garçons, 1 fille, 3 destins passionnants

Max, Hanna, Werner: la trilogie est complète. Avec « Werner », le troisième tome de la série « Dent d’ours », Yann et Henriet bouclent leur récit aérien passionnant sur trois amis inséparables… que la guerre va pourtant séparer. A vrai dire, on croyait que ce tome 3 constituerait le point final de la série, mais les deux auteurs n’ont manifestement pas envie de s’arrêter en si bon chemin, étant donné qu’ils parlent désormais de la fin d’un premier cycle. « Un second cycle, probablement en deux albums, est en préparation. Et puis nous aviserons… », avait confirmé Alain Henriet dans une interview accordée en mai 2014 au site Auracan. Il faut dire que ce « Dent d’ours » est une sacrée réussite. Prépubliée dans le journal de Spirou, la série suscite depuis lors un grand enthousiasme, comme en témoignent les nombreux prix qu’elle a remportés, notamment le Prix Saint Michel du meilleur scénario et le Prix BD des collégiens au Festival d’Angoulême.

La réussite de « Dent d’ours » tient surtout à son côté très cinématographique, avec une alternance de scènes d’action, de séquences pleines d’émotion et de flash-backs qui permettent progressivement d’en apprendre plus sur les trois personnages principaux de la série. Le tome 3 contient d’ailleurs une fameuse surprise sur l’un d’entre eux… L’autre grand point fort de « Dent d’ours », c’est la relation très particulière entre Max, Werner et Hanna. Tous trois férus d’aviation, ils ont grandi ensemble dans les années 30 et ont scellé un pacte d’amitié lors d’une terrible nuit d’orage. Un pacte symbolisé par une dent d’ours qu’ils portent chacun autour du cou. Hélas, la montée du nazisme a brisé à jamais cette belle amitié puisque Max, qui est juif, a d’abord été interdit de voler avant de devoir fuir l’Allemagne pour les Etats-Unis. « Werner », le troisième tome de la série, commence en avril 1945, à quelques jours du suicide d’Hitler, en pleine débâcle allemande. Berlin est assiégée par les troupes russes, mais un avion militaire allemand de reconnaissance parvient pourtant à se poser miraculeusement au coeur de la ville. Il est vrai que son pilote n’est autre que la légendaire Flugkapitän Hanna Reitsch, celle-là même que ses amis Max et Werner décrivaient déjà comme « complètement folle » lorsqu’ils étaient enfants. Hanna est chargée par le Führer en personne de piloter l’aile volante révolutionnaire HO 229, qui doit relancer l’Allemagne dans le conflit mondial. Elle choisit comme copilote Werner Zweiköpfiger, son ami d’enfance, dont elle ne sait pas qu’il est en réalité devenu un pilote de l’US Air Force, avec pour mission secrète de la tuer… A la fois drame psychologique, aventure réaliste et histoire d’espionnage, « Dent d’ours » s’impose définitivement comme l’une des toutes bonnes surprises de ces dernières années. Superbement construit par Yann de la première à la dernière page, le récit est tout aussi magnifiquement mis en images par Henriet, qui s’est appuyé pour ce faire sur une solide documentation historique. « Quand on a la chance de travailler avec quelqu’un comme Yann, on se doit de faire au mieux », souligne le dessinateur. Il peut être rassuré: son examen est réussi!

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