Yamato : Le Cuirassé de l'espace, tome 1 par Ninesisters
Uchû Senkan Yamato est un anime lancé en 1974, un projet original de Yoshinobu Nishizaki que Leiji Matsumoto va intégrer au début de cette même année, et auquel il va grandement contribuer.
Cet anime a connu un succès retentissant et modifié la façon dont les Japonais percevaient l’animation. Aujourd’hui encore, les studios nippons continuent de produire des séries estampillées Yamato, mais aussi des versions manga, dont celle-ci fût la pionnière en adaptant la série d’origine.
Toutefois, ne vous laissez pas abuser par la couverture française proposée par son éditeur Clair de Lune. En effet, ils n’ont pas hésité à mettre en avant le nom de Leiji Matsumoto, espérant ainsi attirer des lecteurs appréciant ce mangaka et l’aura qui l’entoure. Néanmoins, un coup d’œil rapide vous apprendra qu’il ne fût ni le scénariste, ni le dessinateur de ce titre. En effet, c’est Kana qui détient l’exclusivité française sur les séries de l’auteur ; s’il a effectivement écrit sa propre version d’Uchû Senkan Yamato quelques années plus tard – y renforçant certains de ses thèmes de prédilection – il s’agit ici de la version d’Akira Hio, sur le scénario de Keisuke Fujisawa. L’éditeur français justifie la présence de Leiji Matsumoto sur sa couverture par le rôle qu’il a tenu dans l’élaboration de l’anime.
La simili-arnaque identifiée, que pouvons-nous dire sur ce manga ? Je pense que la carrière de son auteur, dont le trait est assez proche de celui de l’anime, résume bien ce qu’il y a à savoir sur l’œuvre elle-même. En effet, Akira Hio avait deux spécialités : l’assistanat, et les adaptations. Ce n’est jamais bon signe quand un mangaka n’arrive pas à imposer ses propres créations ; il ne s’agit finalement que d’un tâcheron spécialisé dans le travail de commande. Et il suffit de lire ce Yamato, le Cuirassé de l’Espace pour s’en convaincre ; les adaptations d’anime n’ont jamais eu bonne presse, et ce titre comme tant d’autres justifie la mauvaise réputation qui les accompagne.
Concrètement, dès le début Akira Hio se montre incapable d’esquisser les personnages et les enjeux, donc à nous intéresser à ce qu’il raconte. Lui-même ne semble pas spécialement passionné par son travail, et accumule les ellipses faute de savoir quoi dessiner pour meubler.
L’anime se différenciait des autres productions de l’époque par son côté fataliste – symbolisé par un compte-à-rebours presque traumatisant à la fin de chaque épisode – et par un traitement des personnages plus intimiste que ce qu’imposaient les standards de l’époque. Sans parler de ses nombreux combats spatiaux. Mais le mangaka ne semble retenir que ces-derniers de la série d’origine, passant à côté de tout ce qui faisait son charme. Ne reste qu’un titre superficiel, presque hermétique, qui n’arrive même pas à être distrayant.
Pour ne rien arranger, le travail de Clair de Lune est un des plus consternants qu’il m’ait été donné de voir. Je veux bien qu’il s’agisse d’un éditeur indépendant, mais pour avoir laissé passer autant de fautes d’orthographes, de contre-sens, et d’erreurs – le traducteur arrive à se tromper sur les planètes du système solaire – ce manga n’a pas dû être relu avant de passer à l’imprimerie, cela n’est pas possible autrement.
Certains lecteurs auraient pu se laisser tromper par le nom sur la couverture, mais il convient de faire attention : non seulement il ne s’agit en rien d’un manga de Leiji Matsumoto, mais ce titre ne présente tout simplement aucun intérêt.