Les artistes japonais m’ont toujours fasciné par leur capacité à aborder presque n’importe quel thème pour en faire un récit épique. Rien qu’en manga par exemple, “Yakitake Japan” parle de boulangerie et “Les Gouttes de Dieu” d’œnologie… Force est de constater que certains français ne sont pas en reste, puisque le cœur de notre histoire est ici le curling !
Mais si, vous savez, ce sport aux règles un peu obscures et au déroulement un peu long, que même les plus insomniaques ont vite faits de cataloguer comme soporifique ! Il est d’autant plus facile de taper sur ce sport puisque les joueurs surfacent la glace en frottant frénétiquement à l’aide de… balais, ce qui, aux yeux des profanes les rend un peu ridicules ! Ça y est, ça vous revient ? Ah oui, vous êtes tombé dessus en zappant sur France 3 tard le soir (le curling est redevenu discipline olympique en 1998) ! Ou peut-être que maintenant vous vous souvenez d’un gag d’Éric et Ramzy dans un de leurs films : https://www.youtube.com/watch?v=fjnOZFkhub4 ?
Bref, vous l’aurez compris, Thomas Rouzière n’a pas choisi la facilité pour construire le scénario de sa première bande-dessinée… mais pourtant, qu’est-ce que c’est bon !

Yéyéyé reprend les codes du shonen, et c’est normal puisque c’est le principe du fanzine dans lequel il est publié : Chaud Nem Jump (et dont Thomas Rouzière est l’instigateur aux côtés d’Antoine Tran) ! On ne pourra pas dire qu’ils nous ont menti sur la marchandise. Les personnages sont hyper clichés et font furieusement penser à ceux de Naruto (qui étaient déjà dans l’ultra-méga cliché). Sans rentrer dans les détails (pour ne pas spoiler), on remarque rapidement que Lé = Naruto, Coach Gé = Gaï Lee, le Roi rouge = le 4e Hokage, etc. En fait, toute la trame semble calquée sur les aventures du petit ninja, mais on s’en fiche un peu puisque c’est assumé et décomplexé. Par exemple, les personnages n’ont pas vraiment de noms, tout juste des sons, et il ne sont pas développés, mais n’en ont pas besoin car l’on connaît déjà les archétypes qu’ils incarnent. En fait, ce ne sont que des pions qui permettent à Rouzière de mettre en place son univers et de faire place à l’action, sans perdre de temps.
L’incipit qu’il met en place sur les premières pages en venant connecter le mythe du Yéti, le curling, les cagoules et la rivalité entre l’Écosse et le Canada se révèle très efficace et vient créer un background cohérent ! Et PAF… c’est parti à toute allure ! Ce qu’on économise en exposition, on le gagne en action pure, ça va très très vite. Les enjeux sont expédiés rapidement, et l’incontournable tournoi, nécessaire à tout démarrage de shonen, est ici plié en quelques pages du premier chapitre, là ou même Last Man, qui se veut pêchu l’étalait sur deux tomes ! Il y a quelques fulgurances (le coup de l’homme de ménage qui balaie et du coup s’entraîne est génial) et on se prend au jeu. Surtout que le dessin nerveux et lâché accompagne au mieux l’action, ça reste toujours lisible et très beau. Le garçon est très très fort, il n’y a qu’à voir la puissance des dessins qu’il réalise sur post-it pour ceux qui commandent le magazine. Je mets un billet que ce mec finira par dessiner pour le label 619 (peut-être un DoggyBags, tant il semble à l’aise dans son format court), aussi bien pour son univers que pour sa patte graphique !


Il faut maintenant voir si Yéyéyé conservera sa fraîcheur et son énergie sur la longueur, mais pour le moment c’est du très bon ! Et ça fait un auteur de plus à suivre de très près…

P.S : Dédicace à tous les fans de 113 qui auront pigés le titre de la critique !
Quentin-S
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le 30 mai 2014

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Quentin-S

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