Philippe Gillot, alias Phicil ne fait pas trop de bruit, mais affine son parcours d’auteur complet doucement. S’il a été vu au dessin dans des collectifs comme Paroles de taulards (Delcourt, 2008) on aurait tort de ne pas se (re) pencher sur la série moderne London calling consacrée à de jeunes frenchies partis tenter leur chance à Londres, où son dessin était déjà remarquable. Un récit rock qui mérite d’être découvert. (Futuropolis 2006 à 2010).
A la même époque, il attaque au scénario et au dessin sa collaboration avec Drac (couleur), dans la série animalière Georges Frog, qu’on pourrait qualifier de « jeunesse », dans le New York des années 30. Sa maîtrise de musicologie l’a surement amené à traiter du sujet.
En 2012, il poursuit avec Boule de cuire, chez Carabas, encore avec un album animalier (mais pas que) où l’on croise déjà un canard.


Ce canard, on le retrouve aujourd’hui en apprenti zen, dans un récit à nouveau coloris par Drac, où Phicil fait montre d’un réel talent.


Jean est donc un canard vivant dans une cité qui ne lui convient plus. Son travail de bureau l’ennui, et puis, sa petite amie Josie l’a quittée.
A partir d’une publicité dans la revue Bronzage, (ça ne s’invente pas), il part sur les routes, afin de rejoindre une retraite pour étudier le Zen.
En chemin il rencontre Anatole, un âne avec qui il va arriver à destination.
Mais... suffit-il de vouloir se reposer lorsque l’on rejoint une école de méditation ?


Partant d’un constat assez banal, Phicil arrive à nous embarquer dans une histoire, qui, si elle n’invite pas l’action ou au suspens, (quoi que..), va, et c’est assez rare pour être remarqué, nous permettre de réviser ou de découvrir l’art de la méditation, de manière documentée, mais avec beaucoup d'humour, le tout dans un registre animalier.


Jean est ce qu’on peut appeler un sceptique, et il faudra la durée de sa retraite (et donc de l’album) pour qu’il accepte de lâcher prise, et surtout de se découvrir lui-même.


Ce n’est pas le moindre atout de l’album de nous plonger dans les origines du zen, en repartant sur le traces historiques de Siddhartha Gautama (le bouddha éveillé), représenté ici sous forme de tigre, Bodhidarma, l’insaisissable, (un éléphant), et Asana, la sagesse. Chaque sage introduisant un chapitre.


On se prête assez facilement au « voyage » intérieur de jean, et à la découverte de cette retraite, où apprendre à faire attention aux autres fait partie de l’enseignement. Et on en ressort assez... zen.. ce qui pour le coup, était sûrement un peu l’objet du présent album. Il est rare qu’une bande dessinée arrive avec une telle mise en abîme à faire passer un message. Aussi : bravo !


On recommandera donc celui-ci à toutes celles et ceux pour qui le zen veut dire quelque chose, ou qui souhaiteraient tout simplement offrir un peu de méditation/relaxation à leurs proches, et aux amateurs de bande dessinée, car le dessin au crayon de Phicil est agréable, tout comme les couleur douces de Drac.
Tous publics.

Hector_Vadair
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le 14 déc. 2015

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Franck Guigue

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