Critique de À la dérive par WestAnne
Paris, 1910. En pleine crue de la Seine, un couple désargenté mais très amoureux prépare à la hate un hold-up qui évidemment tourne mal. Scénario ciselé, superbe dessins, découpage audacieux.
Par
le 13 août 2015
Un couple d'Américains à Paris en 1910. Eddie a accumulé les dettes de jeux auprès des mauvaises personnes. Il a dix jours pour trouver 20 000 francs. Agatha se prostitue, mais ça ne suffira pas. Paris est en pleine crue centennale, les gens se déplacent en barque, y compris les parlementaires. Eddie a une idée : faire un casse dans la banque American Express. Il rassemble deux autres gars : Léon, expert en explosifs et Yves, habile au couteau. Ils repèrent les habitudes du vigile. Agatha se faufile dans la banque, assomme le gars, leur ouvre et fait le guet.
Il y a un mort côté vigile, et la banque brûle. Eddie rembourse ses dettes et se paie une Bugatti. Yves a perdu une pièce qui révèle son nom à la police : il faut fuir rapidement. Sur le Paris-Londres, Eddie se fait appréhender, mais pas Agatha. Elle décide de refaire sa vie au Royaume-Uni avec le magot. Jugé, Eddie la couvre et est envoyé au bagne de l'île du Diable. Il reçoit une lettre d'Agatha, qui lui annonce qu'elle refait sa vie. Eddie prépare son évasion en se construisant un radeau. Des forçats s'incrustent dans son plan d'évasion. Ils affrontent les requins, la mer, sont recueillis par des Indiens du littoral. Eddie tue le dernier forçat vivant, qui voulait le torturer pour lui faire dire où il a planqué son magot. On finit sur Eddie sur une barque, rêvant de retrouver Agatha, qui se trouve dans le passage d'un paquebot. (Je n'ai compris qu'il mourait qu'en deuxième lecture).
Cette BD à la gouache est sublime si vous aimez le style art-déco (les affiches du peintre Mucha, vous voyez ?). Les cases ont des formes en queue d'arronde qui rappellent les caissons de style art-déco, les motifs géométriques foisonnant abondent, dans un style rétro qui personnellement me touche. Le cadre matériel est fort bien rendu, on s'y croirait, en terme d'atmosphère c'est vraiment réussi. Les dialogues ne sont pas mémorables : ils servent leur propos narratif, point barre.
La première partie, sur Paris, joue beaucoup sur les applats de noir, avec des formes nettes, tandis que la seconde prend des teintes plus pastel, aux contours plus flottants.
La deuxième partie de l'histoire, qui a pour thème un homme qui se berce d'illusions face à un personnage ingrat, est originale mais un peu déroutante, on dirait que le graphisme l'emporte sur la volonté le propos. On raconte, sans vraiment développer de thème particulier.
C'est une bande dessinée fort belle, que je recommande pour son esthétique et son atmosphère particulière. Il ne s'agit pas que d'une bonne reconstitution, il y a vraiment un artiste derrière et ça fait plaisir.
Créée
le 17 déc. 2017
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