La descente aux enfers d’une femme battue : trouver le sujet d’"... À la folie" mal choisi serait pousser bien loin la muflerie. D’autant que, par la force des choses, ledit sujet ne réserve guère de surprises : elle l’aime, mais il la frappe, mais elle l’aime, etc. (Si un problème était résolu en proportion de l’exposition dont il bénéficie dans les œuvres de fiction, les violences conjugales n’en seraient plus un, mais je m’égare.)
Sous des crayons moins délicats, cela aurait pu virer très, très mal, lourdingue ou sensationnel. Mais Sylvain Ricard a construit un scénario suffisamment fin et en retrait — les faits, rien que les faits — pour que ce soit accrocheur et feutré à la fois. Si on ajoute le quasi-huis clos, le choix de l’animalisation et le dépouillement voulu du dessin, on obtient quelque chose qui manque certes d’ampleur, mais qui a de la tenue : quelque chose de mesuré.