Un début prometteur

Critique évolutive, à l’heure où j’écris ces lignes deux épisodes seulement sont sortis.

Avant de commencer la critique proprement dite, il me semble pertinent d’expliquer ce que signifie ce terme d’Absolute : éditorialement parlant, l'univers Absolute est un monde nouveau permettant à des auteurs d’avoir une liberté créative absolue (hi hi) sur les personnages les plus populaires de DC. Beaucoup de « journalistes » et autres critiques « spécialisés » ont fait systématiquement le rapprochement avec l’univers Ultimate de la concurrence et oui, il y a quelques similitudes dans l’approche, mais la comparaison est trop facile. En réalité, le concept va plus loin : on prend un personnage, on retire le superflu et on garde uniquement son symbole et sa raison d’être afin de pouvoir le réinventer selon la fantaisie de son auteur.

Gros avantage également, pour le moment en tout cas, chaque personnage évolue dans son coin. C’est parfait pour les nouveaux venus ou les blasés de la continuité (moi, par exemple) et permet à chaque personnage d’avoir sa tonalité propre, ce que ne permet plus la continuité classique. Après, l’avenir nous dira si tous les auteurs suivent les règles du jeu.

Mais trêve de bavardages, place à la critique :

Absolute Batman n°1 :

Nous avons un Batman, nous avons une Gotham, et nous avons une vague de crime inarrêtable… tout semble normal, et pourtant tout est différent. Sans dévoiler quoi que ce soit de l’intrigue (car c’est un comics qui vaut la peine d’être lu), cette introduction est exemplaire. De nombreuses informations sont dévoilées et pourtant tout est fluide. On est devant un numéro qui, en une trentaine de pages seulement, nous présente la situation actuelle, les différents protagonistes, et les origines de ce Bruce Wayne tout en calant une très belle scène d’action. Celle-ci est d’ailleurs bien représentative à la fois du numéro, mais également de l’initiative « Absolute » : Batman affronte une bande de criminels. C’est une situation classique mais, de par son style de combat, sa carrure, et les nombreuses possibilités que lui offre son costume, on découvre bien vite que ce n’est pas le Batman classique. Tout est différent, neuf, et donc tout peut arriver.

Si ce n’est pour l’instant qu’esquissé, retirer à Bruce Wayne son statut de millionnaire dès son enfance et en faire un enfant de la classe moyenne, voire pauvre, est une très bonne idée. Il y a matière à développer de nombreux propos socio-politiques et je trouve cela très prometteur.

Le numéro est donc une réussite et, si je ne suis pas entré dans le détail, les promesses sont alléchantes. Cependant, l’auteur Scott Snyder a deux défauts pour moi : il fait strictement n’importe quoi avec la continuité principale et ses conclusions sont loin d’être satisfaisantes. Heureusement pour nous, ceci n’est pas l’univers DC classique, et nous sommes devant le premier numéro d’une série. L’introduction à ce nouvel univers est donc excellente et remplie de moments mémorables. Si j’ai quelques inquiétudes concernant la suite, je poursuivrai cette aventure avec plaisir, c’est certain.

PS : C’est un univers alternatif, dire que le comics est woke car les personnages ne ressemblent pas aux modèles classiques est profondément stupide.

Absolute Batman n°2:

Cette nouvelle version de Batman a pu s’illustrer dans toute sa violence dans le premier numéro. Il est maintenant temps de commencer à creuser sa psychologie et son entourage. Je crains toujours le moment où Snyder va péter son câble habituel, mais pour l’instant, la qualité reste au top. Les scènes d'action permettent d’allier le génie tactique traditionnel de Batman avec un côté bestial bien plus prononcé que dans l’univers classique (que ce soit dans la violence brute ou dans la posture, évoquant plus que jamais la chauve-souris).

L’énorme point fort de cette série réside dans ses moments d’exposition, qui mettent en lumière toute la singularité de ce monde. À ce titre, la séquence de poker est particulièrement sympathique et rappelle les grands moments de la série animée des années 90.

En bref, un bon épisode prolongeant l’impression positive du premier. J’ai hâte de voir où la série se dirige et de découvrir le traitement de l’entourage de Bruce Wayne, un autre gros point fort de la série.