Cet album résume tout ce qui fait le charme, la force et la faiblesse de Jacques Tardi, de la BD Adèle Blanc-Sec.
Un graphisme inimitable, qui me fait chavirer. Surtout à chaque fois que je me rends compte à quel point Brindavoine, dans ses mimiques, ressemble à Spike Spiegel.
Ce goût de la pacotille, de l'Art-Nouveau le plus hideux, des extérieurs vite fait, du découpage en cases maniaque de références à Hergé, Jacobs et tant d'autres.
Cette paresse autodestructrice pour tout ce qui touche au scénario, avec des mystères à trois francs six sous, qui débordent de clichés de roman-photo, qui créent des endroits improbables (Iron-City) pour les détruire quelques pages plus loin, qui introduisent des personnages pour les tuer d'un air détaché.
La deuxième partie, La fleur au fusil, est une sorte de prologue à C'était la guerre des tranchées, c'est moins mémorable et la fin est en queue de poisson.
Il n'empêche. Est-ce la nostalgie ? Est-ce ce coté feuilleton à suivre en roue libre, et cette impression de liberté totale de création, qui s'affranchit même des limites du bon goût, de la structure aristotélicienne en trois actes ? Est-ce subjectivité de ma part ?
Je n'en sais rien, mais j'aime bien cet album.