Tout est de la faute d'un éclaireur que je ne dénoncerais pas. Vous ne connaissez pas encore Mathieu Bablet, et il y a de ça quelques jours moi non plus je ne le connaissais pas. "Adrastée" est seulement son 2ème travail en solo et déjà il place les bases d'une oeuvre colossale. Si vous prenez la peine de retenir ce nom, je pense que vous n'avez pas fini de l'entendre dans les années qui viennent.
"Adrastée" c'est un dyptique qui vient d'être republié dans sa version intégrale retravaillée, le deuxième tome datait de 2014. Tout commence avec un enfant, jeune prince d'Hyperborée né avec pour particuliaritée de cracher une pierre à chaque fois qu'il mange ou boit. Intéressé d'abord puis lassé de ce don, il décide d'arrêter de s'alimenter et de se laisser mourir. L'occasion pour lui de découvrir son immortalité. Perdant successivement des êtres chers, fou de chagrin, il s'assoit sur son trône de pierre et n'en bouge plus pendant un millénaire. Un jour, il décide de gagner le Mont Olympe pour questionner les dieux : pourquoi lui, comment mourir, et que faire de cette vie interminable ?
Cette légende initiatique vient puiser ses références dans la mythologie grecque, et toutes les rencontres que fait l'Homme immortel s'articulent pour donner du sens à son voyage. Peu de dialogues, mais de la qualité dans le peu qu'il y a. Je ne sais pas vraiment quoi dire de plus sur le scénario parce qu'avant la lecture je n'en savais moi même pas beaucoup plus et je trouve que les surprises sont beaucoup plus sympa que d'avoir une analyse métaphysico-compliqué de toutes les belles leçons qu'on peut en tirer. En bref : ça fait réfléchir sur le temps qui passe, façon Beckett.
Du côté du dessin, je rajoute cette bande dessinée à mes claques esthétiques : une place très importante est laissée au jeu des couleurs et des paysages d'un univers mythique. Végétation, ruines, désert, architecture, tout est travaillé pour un rendu qui capte le regard. Très difficile d'avancer dans la lecture tellement les illustrations en pleines pages sont travaillée. Un découpage très bien pensé pour le plaisir des yeux. Les cases sont toujours très fournie, très dense (on se sent un peu confiné parfois (j'ai pas dit "con fini"...^^ quoi que). Dans les références originales, on retrouve la carte des jeux Nintendo ultra pixellisés au début et à la fin du livre, ce qui a du sens...j'ai beaucoup de mal à vous le décrire...je vous conseille d'aller feuilleter un exemplaire en librairie, ça vaut le détour.
en bref, un conte poétique dans la forme ou dans le fond ? ("dans les deux pauvres c..." pardon. Si vous n'avez pas la référence ça tombe à plat) Les deux mon général. Un travail colossal, à l'image de cet univers. a découvrir au calme pendant une longue soirée d'automne (ne cherchez pas la légèreté par contre) .