Tokyo Ghoul à jeun
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le 1 août 2020
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Excellent, à lire absolument.
Ce seinen est terriblement efficace et bien réalisé. Si l'idée originelle n'est pas en elle-même renversante, l'auteur l'a pleinement exploitée et a su dérouler une trame captivante. Pour peu qu'on dépasse les deux/trois premiers tomes, qui, s'ils sont efficaces, restent en somme assez classiques et n'ont de vrai mérite que de poser les premiers jalons et de déployer un horizon barré qui met le lecteur lui-même aux abois, on découvre une oeuvre mûrement réfléchie et terriblement riche.
Les personnages sont bien campés, même les personnages très secondaires ont leur moment, ce qui crée une vraie galerie de personnages aboutis, touchants, incarnés. Ces personnages ne sont pas figés, et ont d'ailleurs de nombreux revirements qui enrichissent le contenu humain du manga. En parlant de revirement, ce n'est qu'un détail, mais je note tout de même un excessif recours au revirement typique du "je fuis... non je vais me battre !", qui le rend progressivement trop prévisible et de moins en moins crédible. Cela n'enlève rien à la richesse narrative des personnages, premier atout du manga selon moi.
Les dessins ont un style propre, principalement caractérisé par la diversité des visages, notamment féminins. Cet effort sur les trognes, qui ne tombe pas dans la caricature façon shonen, contribue au réalisme du seinen, et est franchement rafraîchissant. Mais la vraie réussite graphique de ce manga, c'est le travail réalisé sur les plans de certaines cases, soudainement en perspective large, ou par un angle différent, qui en imposent alors par leur puissance, leur expressivité.
Le lecteur a à plusieurs reprises du mal à cerner le personnage principal, qui est même rendu détestable vers le début du manga. Je ne sais toujours pas quoi en penser, mais c'est assez décontenançant et original pour qu'on le salue.
L'antagoniste (Sato) est très réussi. Il est reconnaissable par son style attachant, son visage inexpressif, et est véritablement effrayant de psychopathie. Le contraste entre sa neutralité physique, verbale, et l'horreur de ses actes fonctionne comme il se doit en mettant le lecteur mal à l'aise. Sato est aussi carrément badass, il faut le dire, parfois un peu trop je dirais, ce qui met presque en péril le cadre réaliste de la narration, mais régale aussi le lecteur par des scènes d'action grandioses, mises en valeur par la qualité du dessin des mouvements.
Les mécaniques des pouvoirs des Ajins sont exploitées en profondeur par la narration, alternativement par les plans de Sato et de Nagai. On se laisse même surprendre comme les personnages principaux en découvrant en même temps qu'eux le stratagème de Sato, et en en comprenant les ressorts.
Je trouve cependant que les morts humaines s'entassent à trop grande échelle au fil du manga, sans d'ailleurs émouvoir personne. Ce détail, qui participe utilement au glauque diffus de l'oeuvre, menace son réalisme, et peut compromettre l'engagement du lecteur, comme si on plaçait ce dernier dans un shoot'em up.
En conclusion, Ajin est un excellent seinen, très bien pensé, ce qui se lit dans ses renvois, dans l'expressivité de certaines cases, dans le développement de tous les personnages, dans l'exploitation narrative des propriétés des Ajin....
.... et de façon plus anecdotique dans la similarité de l'accidentologie qui ouvre et clôt le manga. Car envoyer un camion dans la tronche de son héros, quoi de mieux pour borner son récit ?
Sous-côté. A lire.
Créée
le 6 nov. 2024
Écrit par
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