La couverture de l'album est un peu trompeuse : elle tend à nous faire croire qu'on se dirige vers un récit aux allures fantastiques. On s'attend à côtoyer ces étranges personnages, agrégats de pièces métalliques, à l'allure inquiétante, mais on ne les rencontre que très ponctuellement. Il y a aussi ce moment où
Aslak évoque des Magméens, sortes d'esprits de la terre qui communiqueraient avec nous, sans que l'on y revienne jamais.
Bref, il faut reconnaître qu'a posteriori, le fait que ces éléments ne soient pas plus exploités déçoit. Cependant, à la lecture, on ne se pose jamais la question de savoir si l'on y reviendra.
Iwan Lépingle tisse une trame à la fois dense et rythmée tout au long des 100 planches qui composent l'album. Le choix de ces teintes rougeâtres fonctionne à merveille, évoquant à la fois l'aridité de la contrée reculée dans laquelle se déroule l'histoire, mais également une forme de nocivité (j'ai tout de suite pensé à de l'eau croupie, ou à de la rouille).
Les personnages ont chacun leur personnalité. Elles ne sont jamais trop fouillées, et distillées intelligemment tout au long de l'album. Le récit se déploie très naturellement, avec douceur. Les paysages et différents lieux sont vraiment bien traités.
La fin est un peu abrupte sans pour autant nous laisser sur un goût d'inachevé.
J'aurais peut-être aimé que la résolution de l'intrigue soit un peu plus clinquante, mais c'était peut-être aller à contrepied de l'esthétique globale de l'histoire.
Bref, rien qui soit véritablement exceptionnel dans cet album, mais une forme de cohérence globale, dans le trait, dans le graphisme, dans la construction de l'intrigue et des personnages qui la portent, sans jamais la volonté d'en faire trop, notamment dans le discours un peu écolo qui ressort, mais aussi dans un manichéisme tout en retenue. Tous ces éléments contribuent à une lecture vraiment très, et je dis bien très, agréable et divertissante.