Tenir dans ses mains un livre dont on connaît l'auteur (ou l'un des auteurs, dans ce cas), c'est toujours une émotion ! Parce qu'un livre, quoi, quand même, ça n'est pas rien. Dans celui-ci, Borris donne chair au grand journaliste Albert Londres, un individu dont la bonhommie cachait mal la pugnacité, parti en Chine sans dévoiler le but de son voyage. Ce qui ne manque pas d'intriguer, et de contrarier, parce qu'on connaît son talent à mettre le doigt là où ça fait mal. Je ne m'étends pas sur la magouille scandaleuse qui constitue l'intrigue pour revenir sur le dessin, que Borris a poussé parfois jusqu'à ses derniers retranchements en simplifiant les volumes, sans que les personnages y perdent en expressivité ou les décors en vraisemblance. Ce sont les couleurs de Brice Follet qui contribuent à rendre l'atmosphère des différents lieux, dans un partenariat étroit avec un trait épuré qui raconte le minimum. Bref, une lecture bien différente de celle de Charogne, où l'on retrouve malgré tout le sens du cadrage et du découpage qui ne laisse jamais planer le doute sur l'intention du dessinateur.