Suivre l'aventure initiatique d'Aldorando alors que nous sommes enfermés chez nous depuis bientôt 4 semaines lui donne sûrement un goût différent !
Aldobrando est obligé, par un procédé machiavélique, de s'éloigner de chez lui et, de rencontres en rencontres, se retrouve plongé dans une quête qui le dépasse pour ensuite devenir sienne. Il évoluera dans une époque médiévale glauque et abrupte.
Ce n'est pas que la trame du récit soit follement originale. Ce sont tout plein de petits détails qui en font une BD incontournable de ce début d'année.
Déjà le personnage principal : au début un peu benêt, il affirme son caractère au fil des kilomètres parcourus et des personnes qu'il croise. Et sans vraiment réaliser (preuve d'une subtilité du scénario) on s'est attaché à lui. Parce qu'il est curieux, naïf, maladroit, généreux et simple.
Les personnages qui parsèment sont chemins sont tous des êtres bancales : stupides car malheureux, cruels car apeurés, violents car anéantis. La bêtise humaine a-t-elle toujours une explication profonde ? Le fait est que chacun d'entre eux nourrit les traits de caractères d'Aldobrando. On ne se construit pas seul.
Et puis tout ce petit monde éparpillé est lié, le scénariste finit par recoudre la toile avec humour et sincérité pour nous donner un point de vu général.
Le dessin de Luigi Critone est beau : c'est de ses traits nerveux, ses visages torturés et ses couleurs parfois sombres qui s'enflamment que l'élégance naît. Les mots se mêlent au dessin dans une juste harmonie, équilibre pour une lecture fluide et sans pause : on se laisse emporter facilement jusqu'à la dernière page.
Et on aurait aimé qu'il mette un peu plus de temps à devenir, Aldobrando.