D'un côté un Grant Morrison qui en fait trop et de l'autre un Franck Quitely parfait !
All Star Superman reste une grande déception à cause de son scénariste, Grant Morrison.
Scénariste très réputé, ses oeuvres sont souvent décriées. La série "Grant Morrison présente Batman" est un parfait exemple du personnage. De très bons premiers numéros, qui vont dans un second temps partir en couilles, dans un délire peu maîtrisé, une volonté de jouer les enfants prodiges, multipliant à outrance création et références.
Ce Superman All Star n'a malheureusement droit qu'aux défauts du scénariste.
Résumons donc ce scénariste complexe : Il regorge d'idée géniales mais ne les maîtrise pas et ne sait pas faire le tri.
Les idées géniales, il y en a un sacré paquet dans ce superman ! Les grandes lignes de l'intrigue sont vraiment intriguantes. Superman à l'agonie, qui veut mourir sans regret et en laissant à l'humanité (entre autre) tout ce qu'il peut. Franchement, j'ai adoré cet aspect-là. Il nous montre à la fois le héros dans son statut quasi-divin, voulant marquer l'Histoire, améliorer DÉFINITIVEMENT le monde. Et c'est la grande force de cet intrigue, renouvelé le personnage, qui n'est plus un garde-fou, une conscience morale, mais qui devient un véritable projet. C'est malheureusement souvent le personnage de Lex Luthor qui était motivé par de véritables perspectives à long terme. A l'opposé Superman fait tellement confiance à l'humanité, qu'il ne cherche dans le fond qu'à être un symbole, à agir le moins possible sur les structures de ce monde, seulement évité ses dérives. Si Batman fascine souvent plus que Superman, c'est parce qu'il joue de notre frustration face à un monde, face à un système, qui ne nous convient pas. Il n'accepte pas les règles du jeu que l'on nous impose et veut les changer. Superman les accepte et souhaite gagner selon les règles établis, sans jamais les remettre en cause. Le problème de Superman, c'est qu'il est tellement puissant, que s'il voulait changer les règles, il le ferait facilement et jouerait alors les dieux sur terre, avec toutes les dérives que cela peut amener. Il suffit pour s'en convaincre de lire le génial "Superman Red Son". Donc Superman à l'agonie est une très bonne idée, elle permet à la fois de l'obliger à penser sur le long terme, tout en limitant sa capacité d'action.
Là, où le bât blesse, c'est qu'à l'intérieur, ce récit est développé en de trop nombreuses mini-intrigues, qui se juxtaposent très rapidement les unes aux autres, sans réelle période de transition. On perd alors de vue le plan d'ensemble. Il ne semble pas y avoir de logique spécifique à l’enchaînement de ces "douze travaux". Même si on comprend facilement, la référence herculéenne, douze c'est beaucoup trop. Hercule après tout, n'a lui même aucun projet d'avenir, il accomplit par "hasard" les douze travaux, ces exploits ne sont pas l'oeuvre d'une volonté qui lui est propre. Ici, c'est la volonté de Superman qui est à l'oeuvre, et on voudrait que celle-ci soit un peu plus rationnel, qu'elle suive davantage une logique.
Pire, outre cet assemblage foutraque d'exploits de Superman, à l'intérieur de ces sous-intrigues, c'est tout aussi foutraque. Les thèmes se succèdent, mais aussi tous les types de monstres.on a presque tout l'inventaire des ennemis de superman, des monstres très monstrueux, des robots, des méchants kryptoniens, lex luthor, des bizarro, des trucs bizarre. Un bestiaire très varié, TROP varié, on a l'impression qu'il est fait pour Zombiraptor. (pour ceux qui connaissent les goûts assez étrange de ce membre de senscritique)
On retrouvera aussi un grand nombre de version de superman, venus de plusieurs futurs, mais aussi d'univers parallèles, une femme, un gnome, une momie, des surprenants etc... Certaines version du superman m'ont paru ridicules. Mais le gros problème, c'est qu'il y en a beaucoup et qu'aucune n'est traité réellement. Alors qu'une version est vraiment charismatique, toute dorée, j'ai vraiment envie d'en savoir plus à son propos.
On a aussi droit à un langage bizarre de la part des bizarro qui rend très confus et désagréable à lire de nombreuses pages. Tout ça n'est pas bien maîtrisé. Trop de bonnes idées en réalité, sur laquelle il ne s'arrête jamais pour exploiter suffisamment leur potentiel. Même les travaux de Superman ne sont pas si clairement définis, autant les premiers sont assez clairs et leur résolution s'intègre à une sous-intrigue, autant vers la fin s'enchaînent sans forcément qu'on s'en rende compte certains travaux, qui ne sont pas l'objet d'explications. Il manque d'ailleurs selon moi un épilogue.
Au compte du scénariste, une création de Grant le scientifique Quintum Léo Quintum mériterait sa place dans l'univers officiel ! Il s'intègre naturellement à l'histoire, à une véritable personnalité et un véritable charisme ! Première apparition aussi de Zibarro, un personnage qui aurait mérité de participer à une meilleur intrigue, car celle sur la planète bizarro est vraiment foireuse pour moi, MAIS dont la personnalité est suffisamment traité pour intrigué et créer un véritable attachement au personnage !
En résumé sur le scénario, c'est une succession d'idée géniales qui tombent à l'eau car n'exploitant leur potentiel et s'enchaînent bien trop rapidement. L'histoire devenant une intrigue picaresque carnavalesque et confuse.
Maintenant il faut en venir de manière très succincte à Franck Quitely ! D'une manière succincte car je ne sais pas trop quoi dire à propos de ce dessinateur, qui se révèle une fois encore géniale ! Contrairement au scénario, tout est clair, propre, tant au niveau des personnages que des décors ! Les décors sont parfois redondant, mais c'est le défaut du scénario plus que du dessinateurs là, trop de cases par rapport à la densité d'information à donner. Les informations, il y en a beaucoup mais qui ne sont que cumulés sur la présence de personnage, de rebondissement. Au contraire les informations psychologique, le traitement intérieur des personnages n'est pas suffisamment exploité pour permettre aux multiples cases d'un même décors de justifier totalement leur présence. Les défauts de l'illustration tiennent donc davantage de Grant Morrison que de l'illustrateur lui-même.
Par contre, si je dois parler d'une des grandes forces et trouvaille de ce comics, c'est l'apparence de Clark Kent ! Elle est formidable, enfin elle contraste suffisamment avec Superman pour qu'il y ait une véritable crédibilité quant à la double identité du héros. Comment ont-ils fait ? C'est si simple que personne n'y avait pensé avant ! Auparavant, Clark Kent essayait de cacher un corps imposant de muscles, pour paraître timide et presque fragile : A l'aide d'une simple paire de lunette.... Ici, c'est le contraire totale, c'est la posture de Clarck qui fait la différence, c'est une forme imposante, mais bossu, la tête penché vers le bas, les épaules en avant. Comme un homme mal à l'aise dans un corps trop grand, il est maladroit oui, mais parce qu'il est pataud. Le malaise d'un jeune garçon frêle dans un corps d'éléphant dans un magasin de porcelaine. Et tout est crédible à partir d'une simple posture. Géniale ! Bravo Frank Quitely et bravo aussi Grant parce que les directives viennent surement de lui !