Je ne lis que très rarement des bandes dessinées par manque de matériaux de base, mais quand j'en ai l'occasion, je les dévore avec rapidité et plaisir. Le Régulateur est une bande dessinée franco-belge intéressante et particulièrement plaisante. Il s'agit d'une société futuriste à la sauce steampunk (qui mélange le temps de la révolution industrielle à un monde futur incertain), une véritable dystopie dans laquelle, après une terrible catastrophe écologique, la société ultra-libérale est pourrie par la corruption et l'autorisation d'agences de régulation, qui peuvent tuer impunément pour le plus offrant. Et si la régulation concernait à l'origine les politiques, elle concerne désormais tout le monde. Dans ce monde là, sur un fond d'intrigue sombre sur le passé du personnage principal, on découvre des personnages héroïques et sombres tels que Nyx, Hestia ou Ambrosia. Dans son genre (et il faut l'aimer je vous l'accorde), la BD est vraiment aboutie, on ne s'ennuie pas, les dessins sont d'une qualité rare, bourrés de références punks tels que "Le suicide est passible de mort" ou des références anarchistes ou libertaires.
L'histoire est basique, et on peut se plaindre d'une certaine rapidité dans le déroulement du storyboard. Cependant, l'univers dans lequel évoluent les personnages tendent à démontrer la proximité avec notre monde occidental. Si les auteurs sont français et belges, l'univers que ces derniers nous proposent est profondément anglo-saxon, libéral et politiquement britannique. Cela nous montre à la fois les dangers du protestantisme politique mais aussi démontrent que la culture française, y compris dans ses bandes dessinées, est irriguée par une forme d'américanisation. Par contre, le monde est véritablement une anthologie en ce qu'il s'agit du steampunk et il est urgent de le lire ne serait-ce que pour soutenir la BD francophone, qui est en pleine explosion sans que cela ne fasse grand bruit.