Après avoir mis en scène le racisme, Blacksad s'arrête sur l'après-Seconde Guerre mondiale, le maccarthysme et la chasse aux sorcières. Ici, plus que dans les précédents, on peut faire le parallèle avec notre monde où l'on retrouve des "incarnations" d'Einstein ou de Joseph McCarthy.
Comme dans les deux opus précédents, les liens entre notre monde (ici dans l'Amérique de l'après-Guerre) et celui de Blacksad sont intelligemment exploités, participant à l'ambiance parano de l'oeuvre et le soupçon de peur régnant en fonction de tes idées politiques. C'est aussi autour du nucléaire et donc de la course à l'armement qu'Âme rouge s'intéresse. Il y a toujours un bel équilibre entre l'intrigue et l'aspect historique (ici moins "masqué" qu'à l'accoutumer), dans les deux cas, c'est passionnant, bien qu'on trouve encore quelques facilités dans les résolutions d'intrigues, mais rien de bien préjudiciable.
Les dessins sont toujours parfaits et adéquats à l'ambiance puis à l'immersion dans cet univers. Il y a toujours une certaine science du détail sans être lourd, chaque arrière-plan se révèle assez riche tandis qu'il continue d'enchainer de nouvelles trouvailles et idées. Les liens entre les personnages, le retour de certains et l'inclusion de nouveau sont toujours bien gérés et passionnants, tandis que notre détective solitaire et désabusée est toujours plaisant à suivre, avec quelques teintes mélancoliques notamment via son passé. L'histoire gagne toujours en profondeur sans jamais que les personnages en souffrent, surtout que les auteurs se permettent quelques touches plus légères voire sexy de tant à autre, ce qui rajoute un peu de piquants.
Après deux opus particulièrement réussis, Âme rouge continu sur cette lancée en approfondissant les personnages et les parallèles avec notre monde sans pour autant que l'intrigue en souffre et que l'oeuvre perde en efficacité, bien au contraire même, c'est passionnant et on en redemande !