Le gros point fort de cette BD de mon point de vue ce sont les dessins : l’auteur a un trait vraiment original, très coloré, parfois un peu kitsch (qu’elle revendique) mais ce kitch est toujours là pour servir le propos. Les dessins de fleurs, c’est classique, pourtant sous les traits de l’auteur elles prennent une autre dimension.

En revanche, pour l’histoire et le scénario, je n’ai pas du tout accroché. La BD évoque essentiellement les histoires sentimentales d’Anais Nin : je m’attendais à une BD féministe, je n’y ai vu que le récit d’une femme ayant de multiples aventures qui aurait pu être n’importe qui … du coup, je ne vois pas bien l’intérêt d’en tirer un livre.

Là où cela pourrait être intéressant, c’est qu’en creusant on finit par se demander si, vue la nature des aventures, ce qui est raconté est véridique ou bien s’il s’agit d’un extrait de la vie qu’Anais Nin se rêve. Même si je ne suis pas fan des approches « gros sabots », je pense que l’auteur laisse ici beaucoup trop planer le doute sur ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas : rien ne permet de distinguer la fiction de la réalité.

Certaines planches sont très oniriques, cependant elles semblent se raccrocher indifféremment à la réalité et au « rêve ».

Par exemple, sa première relation avec Henri Miller (vrai ?) et le moment où elle couche de nouveau avec son père adulte (faux ?) sont deux passages traités de façon fantasmagorique.


Finalement, en tant que lecteur et sans connaître l’œuvre d’Anais Nin, on ne sait plus non plus où se trouve la réalité et où se trouve le rêve (ou le cauchemar), ni même s’il y a bien un rêve. Par contre, on se retrouve face à une femme qui semble perdue et qui oscille sans cesse entre deux (même plutôt 6 ou 7) eaux … personnage peu attachant et assez irritant de mon point de vue.

Ce qui est dépeint comme des hésitations dans sa vie sentimentale contraste avec sa présumée force, celle qui lui permet d’assumer ses écrits en tant qu’auteur dans un monde d’homme. On peine finalement à faire le lien entre l’écrivaine et le personnage dépeint dans la BD (d’ailleurs, l’auteur fait le choix de ne pas évoquer la publication des livres, la vie publique de l’écrivaine, mais de se concentrer sur ses relations sentimentales).

De mon point de vue c’est donc une bonne BD sentimentale (pas mon genre), avec de très beaux dessins, mais je ne la qualifierai pas de BD féministe.

Nonmanon
5
Écrit par

Créée

le 1 janv. 2022

Critique lue 159 fois

3 j'aime

Nonmanon

Écrit par

Critique lue 159 fois

3

D'autres avis sur Anaïs Nin : Sur la mer des mensonges

Anaïs Nin : Sur la mer des mensonges
Raider55
9

Puisse Léonie Bischoff continuer à cultiver son génie, comme son inspiratrice Anaïs Nin

Qu'a fait Léonie Bischoff pendant 40 ans ? Où a-t-elle caché son génie ? Le génie de la dessinatrice Léonie Bischoff ? - des traits simples et suggestifs, - un mélange de couleurs pastel et arc en...

le 5 sept. 2021

4 j'aime

Anaïs Nin : Sur la mer des mensonges
PapierBulles
7

Fabuleuse BD sur une femme singulière

Connaissez-vous Anaïs Nin? Personnellement, j’avais entendu parler d’elle comme d’une écrivaine mais sans en savoir plus ... grave erreur car c’est un personnage fascinant ! Cette BD ne vous...

le 7 oct. 2020

4 j'aime

Anaïs Nin : Sur la mer des mensonges
Nonmanon
5

Sentimentalisme plutôt que féminisme ?

Le gros point fort de cette BD de mon point de vue ce sont les dessins : l’auteur a un trait vraiment original, très coloré, parfois un peu kitsch (qu’elle revendique) mais ce kitch est toujours là...

le 1 janv. 2022

3 j'aime

Du même critique

Ne t'arrête pas de courir
Nonmanon
8

Biographie magistrale …

… mais la seconde partie du livre présente moins d’intérêt. J’ai beaucoup aimé le découpage du livre, qui est inattendu. La première partie, très longue, raconte tout le parcours de Toumany...

le 15 févr. 2022

6 j'aime

Anaïs Nin : Sur la mer des mensonges
Nonmanon
5

Sentimentalisme plutôt que féminisme ?

Le gros point fort de cette BD de mon point de vue ce sont les dessins : l’auteur a un trait vraiment original, très coloré, parfois un peu kitsch (qu’elle revendique) mais ce kitch est toujours là...

le 1 janv. 2022

3 j'aime

Vivre
Nonmanon
6

Une belle histoire, pas un objet littéraire

Parfois la réalité dépasse la fiction. Pour ma part, c’est ce que je recherche quand je lis cette littérature de montagne, à laquelle appartient le livre d’Elisabeth Revol : des histoires à faire...

le 16 mars 2022