Le gangster le plus cinématographique de la BD est de retour. Deux ans après le triomphe du premier tome de « Tyler Cross », récompensé par de multiples prix, voici enfin la suite, attendue impatiemment par les nombreux fans du travail de Nury et Brüno. Tout aussi noir et jubilatoire que le premier album, ce deuxième tome s’intitule sobrement « Angola ». Rien à voir avec l’Afrique: Angola est le nom d’une prison de haute sécurité en Louisiane, un enfer carcéral dont il est impossible de s’échapper, car il est entouré par des marécages infranchissables. Et pourtant, Tyler va bel et bien tenter le coup, comme le précise la « punchline » sur la couverture: « Si Tyler Cross sort un jour, ce ne sera pas pour bonne conduite ». Quelques semaines auparavant, le gangster n’aurait pourtant jamais cru qu’il se retrouverait dans d’aussi sales draps. S’il avait accepté de sortir de sa retraite dorée, c’était uniquement parce qu’on lui avait promis un « coup sans risque, garanti sur facture ». Mais Tyler s’est fait doubler comme un bleu et du coup, c’est lui qui se retrouve à Angola, tandis que sa complice (« Iris, la brune qui adore les décapotables ») s’est volatilisée avec le butin et sirote des cocktails au bord d’une piscine mexicaine… Pour ne rien arranger à son cas déjà désespéré, Tyler Cross se rend rapidement compte que pour lui, Angola sera encore plus un enfer que pour les autres détenus, dans la mesure où le clan Scarfo a mis un contrat sur sa tête. Or, ce clan de mafieux siciliens compte de nombreux représentants dans la prison, et ceux-ci ne tardent pas à faire comprendre à Tyler que ses jours sont comptés. Pas la peine, non plus, de compter sur une aide des gardiens, car il comprend vite que le fameux clan Scarfo gère Angola comme une vraie petite entreprise… Bref, si Tyler tient à sa peau, il va rapidement devoir trouver un plan en béton pour se tirer de cet enfer carcéral!
Ambiance poisseuse, personnages froids et manipulateurs, dialogues percutants, trahisons et femmes fatales: à l’image du premier tome de la série, « Angola » plaira à coup sûr aux amateurs de polars… et de cinéma. Car Nury et Brüno le reconnaissent eux-mêmes: ils se sont clairement laissé inspirer par le 7ème art. Et plus précisément par les films pénitentiaires tels que « Luke la main froide » ou « Je suis un évadé », dans lesquels des détenus tentent l’impossible pour se faire la malle de leur prison et de gardiens souvent sadiques. C’est dans ce type de films que les deux auteurs ont notamment été puiser l’idée de la « barre de justice », une chaîne qui empêche les prisonniers de bouger pendant la nuit, ou de la « cage à suée », une minuscule petite cabane dans laquelle on enferme les détenus récalcitrants. Comme l’explique lui-même Brüno, dont le dessin est une nouvelle fois impeccable dans ce deuxième album, « Tyler Cross dépeint une Amérique fantasme, basée sur la mythologie que les Américains nous transmettent à travers films ou romans ». Effectivement, pour ceux qui aiment les romans noirs à l’ambiance très « fifties », à l’image des livres de James Ellroy, « Tyler Cross » procurera un plaisir de lecture immense, car il s’inscrit parfaitement dans les codes du genre. Par contre, les lecteurs plus fleur bleue ont sans doute tout intérêt à passer leur chemin. Autant le savoir avant d’ouvrir les portes du pénitencier…
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