Anjin San par nolhane

George Akiyama est un auteur des années 70-80. Son œuvre est coupé divisé en deux style. Alors que ses œuvres de jeunesses s'ancrent dans la violence (voir « Jintaro – Le caïd de Shinjuku » éd Le lézard noir), ses mangas ont ensuite évolués vers plus de philosophie et de légèreté. On retrouve en filigrane de toute son œuvre, un goût pour explorer et dévoiler la nature humaine et sa noirceur.
Anjin-san et le personnage principal de ce pavé de plus de 400 pages. Cet étrange voyageur au physique de moine bouddhiste enfant dégage une sagesse et une douceur d'âme qui apaise et soulage les gens qu'il croise. Il croise M Kihirito, un homme un peu perdu, partie en voyage après que sa femme l'ai apparemment trompé. Les deux hommes voyages ensembles et leur discussion permettent de porter un regard nouveau sur Anjin. On apprends qu'Anjin est le petit fils de Bouddha et possède des pouvoirs malgré qu'il se dise être un homme banal.
Les pérégrinations du voyage révèlent la beauté de certaines moments du quotidien mais aussi la manipulation des hommes qui veulent le pouvoir et l'argent. Anjin ne juge jamais, il montre, parle et révèle.
La seconde partie du titre se déroule dans une auberge tenue par les deux hommes dans le village natale de Anjin. Hinagiku, une jeune et belle geisha et amie de longue date de Anjin viens vivre avec eux. Le ton reste de le même au grès des petites histoires drôles et poétiques qui parsème le livre mais M. Kihirito va rapidement tomber fou amoureux de Hinagiku. Akiyama va alors traiter en plus la naissance du sentiment amoureux, les moments partager à regarder la mer et la beauté des petites attentions.
Si Anjin n'est pas en permanence au centre de l’œuvre, c'est son regard, sa bonté et sa douceur qui irradie la lecture et les personnages comme Kihirito et Hinagiku.
Le dessin est une vraie force du manga. Doux, simple, les personnages sont plus ronds que dans des Tezuka. L'ensemble et frais et doux mais certaines planches révèlent un talent fou pour la composition des paysages poétiques et campagnards. Les décors sont sublimes et Akiyama est très doué pour y insérer tout naturellement ses personnages. Le travail sur les perspectives et la composition fait de cette lecture un petit régal pour les yeux.
Le personnage d'Anjin n'est pas au centre de l’œuvre, c'est ce qu'il montre et soigne qui l'est. M. Kihirito est intéressant car on ressent toute l'influence qu'à Anjin sur lui. Il lui montre qu'il ne faut pas se fier aux apparences, rester doux, humble et que la banalité est une grande qualité. Le personnage de Hinagiku est également important, elle vient bousculer le duo de personnage du début en y apportant un autre regard et un humour malicieux. Si son personnage de femme forte et libre est beau, il est souvent trop mis en valeur par le dessin, notamment ses courbes et ses jambes.
Anjin-San est un vraie bol de fraîcheur dans le paysage du manga. La lecture reste actuelle malgré son ancienneté et propose un beau regard sur le Japon des campagnes des années 80. Une belle lecture sur le goût de la vie, la vraie valeur des choses, la naissance de l'amour, la compréhension entre les personnes. Un auteur rare en France dont je conseille la découverte.