Très bel album.
En effet, Serpieri s'est donné à fond et réalise là le plus bel album de la série. Bon Druuna a parfois une silhouette plus mince ou un cul plus gros selon le plan, mais pour ce qui est des positions, des cadrages, des décors, de la mise en couleur, du trait, tout est bien mieux géré qu'avant. La mise en page aussi est efficace, ne laissant cette fois aucun doute quant au sens de la lecture ; de plus, Serpieri alourdit un peu moins ses planches, laisse un peu plus d'air. Les scènes de sexe sont assez bien mises en scène et l'ensemble est mieux rythmé que dans l'album précédent.
L'histoire commence assez bien : on a un but, un point de vue. Puis l'auteur brouille les pistes et redistribue les cartes. Tout peut alors arriver, c'est assez surréaliste, l'objectif s'évapore mais l'impression de vivre un rêve éveillé comme dans les premiers albums se fait ressentir. La fin, malheureusement déçoit, parce que l'auteur se sent obligé de conclure, nous sort de ses rêves, amène une résolution de nulle part, sans véritable lien et qui sent le réchauffé par rapport à ce qu'il a déjà fait. En fait, ça devient trop facile de boucler ses récits de la sorte, et ça frustre.
Ce qui est amusant, c'est de comparer cette saga avec "Twilight" et Cie ; dans le fond ça parle un peu de la même chose, de l'émancipation d'une femme qui veut choisir. Mais si l'on adaptait ça au cinéma (et j'en rêve, bien plus ça que "L'incal"),ce ne sont clairement pas les jeunes filles de 15 ans que les producteurs prendraient pour cible. Ni même les fans de "50 shades of Grey"...
Bref, voilà un bon album, très plaisant à lire grâce à de bonnes idées tant graphiques que narratives, mais dont la fin du scénario déçoit grandement. Dommage.