Arakure Princesse Yakuza par Ninesisters
N'achetez pas la version française de ce manga, vous vous feriez arnaquer. L'éditeur a décidé d'arrêter de travailler dans le manga, et malgré une annonce préalable indiquant qu'il irait au bout de cette série – puisqu'il ne manquait que 4 tomes – rien n'a bougé depuis des mois, et jamais cette fin ne sera publiée. Ceci étant dit, parlons tout de même de Arakure Princesse Yakuza.
Une fille dans un univers yakuza, voilà qui n'a rien de bien original. De nombreuses séries reprennent un concept similaire – G Gokudo Girl, Sailorfuku to Kikanju, ou encore Gokusen – en le traitant, selon les cas, soit de façon sérieuse, soit de façon humoristique.
Le côté sérieux se comprend parfaitement, puisque les clans yakuza sont traditionnellement associés à nos mafias, avec tout ce que cela peut impliquer. Mais pour le côté humoristique ? A vrai dire, le personnage du yakuza se retrouve souvent utilisé comme un support comique : physiquement peu gâté par la nature, aux attitudes démodées, et associant une brutalité proverbiale à une attachante sensibilité virile, le yakuza de comédie amuse par ses excès et le décalage constant qu'il provoque par rapport aux personnages « normaux ».
Avec Arakure Princesse Yakuza, nous avons clairement affaire à un manga dans la veine comique, avec option décalage puisque notre héroïne était une lycéenne banale avant de se retrouver entourée d'une flopée de yakuza bien caricaturaux. Une situation vouée à faire des étincelles, même si bon sang ne saurait mentir et que Sachie va faire preuve à plusieurs reprises d'un répondant pour le moins surprenant ; les rares flashbacks nous apprennent que, malgré tout, sa mère avait bel et bien été élevée dans ce milieu, et mine de rien, cela se ressentait légèrement dans son comportement, donc dans l'éducation de sa fille.
En bon shôjo, celui-ci bénéficie comme il se doit du beau gosse de service. Le rôle échoit à Rakuto Igarashi, idole du lycée et accessoirement yakuza (un secret bien gardé par l'intéressé) au service personnel de la princesse Sachie ; ce qui donne lieu à des situations assez hors-normes, donc originales. De plus, Rakuto est un personnage perçu par notre héroïne comme rusé et manipulateur, ce qui lui donne une certaine aura de mystère, derrière son dévouement (teinté d'irone) envers Sachie. Comme dirait cette dernière, le simple fait qu'il semble normal alors qu'il est entouré de yakuza, tend à prouver qu'il s'agit en réalité du plus bizarre du lot.
Ces deux-là vont finir ensemble, c'est écrit. Il leur faudra juste dépasser leur différence de statut.
Si, comme mentionné tantôt, le principe de la fille dans un univers de yakuza virils n'a rien de novateur, cela n'empêche pas Arakure Princesse Yakuza d'être un titre attachant, notamment car la situation est traitée sous l'angle de la comédie romantique. Et là, cela devient tout de suite plus innovant, sans compter que cela change des sempiternels shôjo qui se limitent à l'environnement scolaire.
Il reste assez facile de prévoir les divers rebondissements de la série, mais cela ne les empêche nullement d'être amusants ou agréables à suivre. La mangaka sait pertinemment ce qui constitue la force de son titre, et arrive à en jouer sans en abuser. Ses yakuzas demeurent de puissants ressorts comiques en toute occasion, tout en conservant la capacité de s'énerver méchamment si quelqu'un ose s'intéresser de trop près à leur protégée.
Clairement, Arakure Princesse Yakuza brille avant tout pour l'univers particulier qui entoure son héroïne, et pour son potentiel comique. Pour le reste, cela se limite à du très classique. Mais le tout donne lieu à un petit shôjo fort sympathique, qui procure un véritable plaisir de lecture.