L’absurde élevé au rang d'art

L'une des choses que l'on remarque rapidement une fois que l'on plonge dans les différentes aventures proposées par les écuries Valiant, c'est que tous les héros de ces comics ont le droit à leur propre genre cinématographique hybride. Cependant Fred Van Lente, l'auteur d'Archer et Armstrong, n'est pas du genre à se simplifier la tâche! Alors que Ninjak emprunte aux films d'espions et de ninjas ou que X-O Manowar va plutôt chercher du côté du Space Opéra et du film d'action plein de testostérone, Archer et Armstrong a le luxe de multiplier ses influences : buddy-movie, road trip-movie, action-aventure, science-fiction au parfum de complotisme, comédie absurde, etc.

C'est un véritable brassage des genres auquel on assiste. Brassage qui va être le creuset d'une véritable richesse pour le récit, aussi bien de par les thèmes qu'il aborde, que par les différents degrés de lecture qui s'en dégagent et tout ça avec un humour omniprésent. L'auteur fait preuve d'une finesse d'écriture et d'une intelligence qui forcent le respect. Ce faisant il se permet une véritable critique des aspects les plus extrêmes et absurdes de notre société, mais toujours en conservant un ton léger et bienveillant.

Et quoi de mieux pour refaire le monde qu'un vieil ivrogne immortel et un apprenti assassin nourri aux saintes écritures? La rencontre de ces deux énergumènes se fait dans un bar. Alors qu'Armstrong, sumérien âgé de 10 000 ans, s'abrutit à grand renfort de binouzes, Archer, fraîchement débarqué en ville, cherche à l'assassiner sur ordre de ses parents qui dirigent une secte répondant au très humble nom de Dominion. Seulement tout ne se passe pas comme prévu. Alors que les deux hommes sont enlevés par une secte rivale en plein milieu d'un combat fort peu épique, Archer apprend qu'on lui a menti toute sa vie et que les grands-vilains de l'histoire sont en réalité ses propres parents. Celui-ci délivre alors son ancienne cible avec qui il partira en cavale à travers le monde pour arrêter ses anciens alliés avant qu'il ne mettent le main sur le Don, un appareil capable de rayer toute vie sur la planète.

Çà paraît complètement barré dis comme ça hein? Et vous avez raison, ça l'est. Et même plus que vous pouvez l'imaginer! Personnellement, j'ai arrêté de m'étonner lorsque les lamas nazis sont apparus. Chaque nouveau chapitre est l'occasion de situations loufoques, de mystères abracadabrants et de rencontres avec des personnages totalement ravagés. Tendre dédicace pour le Général Censuré, je t'aime d'amour petite #@*= dégarnie!

Dire que j'ai aimé Archer et Armstrong serait un euphémisme. J'ai dévoré Archer et Armstrong! J'ai ouvert cet intégral un samedi après-midi et je l'ai refermé le soir après avoir savouré chacune de ses cases. Il y aura nécessairement quelque chose que vous aimerez : son ton absurde et décalé, sa galerie de personnages hauts en couleurs, son histoire riche inspirée des complots les plus fantaisistes, la qualité du dessin ou encore la diversité et la subtile profondeur des thèmes qui ponctuent le récit. Foncez, c'est tout.