Arzach (1975-76)
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Arzach, bande dessinée expérimentale s'il en est, marque son époque par une manière toute novatrice d'aborder le récit et la narration. Moebius construit un mythe, celui de son personnage principal, plongé dans un mutisme intriguant, et de ce qui l'entoure. Fable onirique s'affranchissant des codes de la bande dessinée, içi, pas de narration linéaire, pas de trame à proprement parler, aucun dialogue prononcé.
Nous suivons ainsi les différentes pérégrinations d’Arzach, dont l’origine et les motivations restent incertaines durant quasi toute la durée de l’album- tout comme l’orthographe de son nom- arpenter des paysages désertiques et mirifiques, évoquant immédiatement les terres arides et désolées du Mexique.
J’ai une légère tendance à figer un certain temps sur chaque cage, il ne s’agit pas dans cette démarche de détailler la case point par point, trait par tait, mais surtout de trouver suffisamment de temps pour m’immerger dans l’univers du dessinateur, suffisamment pour y croire, m’imaginer fondu dans chaque élément du décor, chaque emplacement d’un paysage, et tenter de me représenter ce qui est non perceptible dans cet univers, ce dont le dessinateur n’a pas jugé nécessaire d’y jeter un coup d’œil, et d’ainsi trouver une cohérence personnelle, des raisons pour justifier cette imagerie. Pourquoi cette partie est obscurcie ? Pourquoi celle ci est éclairée ? Qu’est ce qui justifie ce type d’architecture ?
De plus, l’absence totale de dialogues supplée cette bande dessinée au rang de chef d’œuvre contemplatif, ou les limites à l’univers sont les seules limites à l’imagination de l’auteur, qu’importe la cohérence, qu’importe les codes, normes et conformités propres au domaine de la BD, il existe ici un véritable lâcher prise, une véritable libération décomplexée qui ne transparait pas nécessairement de par le trait de dessin somme toute classique de Moebius, mais bien par tout le caractère esthétique et l’imaginaire qui font de Arzach une véritable pièce d’art. Moebius est subversif jusque dans la disposition de ces dessins, l’assemblage des cases.
Cette liberté que se permet Moebius permet sans doutes d’expliquer son succès fulgurant au Japon et le fait qu’il ait influencé de grands maitres comme Miyazaki.
Un album évocateur, invitant au voyage et à la solitude, une traversée d’un imaginaire riche et coloré, lumineux et ombragé.
Masterpiece
Créée
le 20 oct. 2014
Critique lue 857 fois
6 j'aime
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