Manga culte au Japon, "Ashita no Joe" aura inspiré des brouettes de futurs mangaka touchés par la force du récit, la puissance du dessin, et l'originalité du thème. Car ce manga est à l'origine même d'un genre, Le Nekketsu, dont les codes sont : un héros souvent orphelin, fondamentalement innocent, voir naïf, combatif et courageux et doté d'un talent, d'une particularité hors norme, la camaraderie et le sens du respect deviendront les piliers de sa vie.
Vendu à plus de 16 millions d'exemplaires depuis les années 70', "Ashita no Joe" est un classique, à l'instar des œuvres de Tezuka, et Glénat nous offre la possibilité de découvrir une histoire fleuve poignante.
Joe Yabuki est un orphelin, enfant de la rue, au tempérament hâbleur et bagarreur. Fondamentalement indépendant (pour ne pas dire égoïste), l'électron libre Joe débarque dans les bas-fonds (le quartier des Doya, ces hôtels miteux et bon marchés pour travailleurs journaliers) de Tokyo, sans le sous, mais s'attire quasiment immédiatement l'animosité des habitants du quartier, et des Yakuzas. Il suscite aussi le vif intérêt du pochard du coin, Danpei Tange, un ancien champion de boxe. Ce dernier décèle chez Joe un incroyable talent, un don, pour la boxe, et n'aura de cesse de vouloir faire de Joe le plus grand boxeur de l'Histoire.
Joe étant ce qu'il est, la tache ne va pas s'avérer évidente.
Les années décrites dans ce manga sont celles d'une époque dure, ou la pauvreté et la violence (celles des yakuzas, mais aussi et surtout la violence impitoyable du tout économique qui ne laisse pas de place aux petites gens) sont le lot quotidien des habitants, la vie y est dure et profondément injuste. Ce qui sera sa porte de sortie, et fera de lui un autre homme, n'est pour l'instant qu'un sujet de raillerie pour Joe, et seule la persévérance et l'acharnement de Danpei scelleront le destin du jeune voyou, qui auparavant va traverser des épreuves extrêmement dures.
Ashita no Joe est une œuvre poignante et intense, sombre et violente, toujours aussi efficace malgré un dessin résolument passé, mais juste et évocateur. Si l'on peut juste sourire face aux petites scénettes d'un humour potache un peu désuet, on reste ému devant la misère des habitants des quartiers pauvres, attentif à la fougue d'un jeune homme sans repères, touché par la persévérance du vieux Danpei, et profondément désireux de connaître le destin du jeune loup, de voir où la boxe va le conduire et quelles rencontres vont sceller son destin.