Dans cet album, les 2 auteurs réussissent l'exploit de taquiner gentiment les Corses et leur susceptibilité ; cette aventure est pourtant l'une des préférées des habitants de l'île qui sont pratiquement unanimes à louer leur parfaite caricature, je l'avais constaté à l'été 2000 lors d'un séjour estival dans cette magnifique région. Goscinny se livre encore une fois à un catalogue de clichés dont certains étaient encore valables à une certaine époque (sieste, vendetta, cochons sauvages, allusions à Tino Rossi, Napoléon, fromages corsés, maquis...), mais il excelle dans la description poétique de la page 20 lorsque Ocatarineta annonce son pays aux héros, et une fois à l'eau, il continue : "Sentez cette eau ! sentez ce parfum de langouste, d'oursin et de cigale de mer!", une telle description, ça vous donne la teneur d'un pays et ça correspond je crois à la Corse enchanteresse que j'avais découvert.
Le début commence bien, on y revoit avec plaisir les guest-stars d'épisodes précédents (Petisuix, Jolitorax, Beaufix, Alambix...), puis les héros partent avec Ocatarineta à la découverte de cette Région à la forte identité et aux particularismes très enfouis ; j'ai bien aimé à la page 25 la représentation du village de montagne où arrivent les héros, j'en ai vu un peu dans ce style. Sans oublier des scènes cultes et désopilantes, comme celle de la soeur de Carferrix, celle du fromage de la page 2, celle du début avec la réplique d'Obélix : "Je suis aussi le cauchemar des Romains", ou la fine allusion : "Pour que les Corses acceptent un empereur, il faudrait qu'il soit Corse lui-même".
Graphiquement, Uderzo est au sommet, il réalise encore de beaux décors comme le palais du gouverneur d'Aleria, des gueules corses au physique intimidant très réussies, y compris celles des femmes vêtues de noir, des paysages typiques. Au final, c'est un des meilleurs albums de la série, car les auteurs ont su capter toute l'âme de l'île de Beauté, un de mes albums préférés aussi.