- Cesse de faire fouetter ces malheureux, Romain ! Enlève-moi quelques-uns de ces liens, je vais leur chanter une chanson qui leur donnera du courage ! Il était une petite galère... Il était une petite galère... Qui n'avait ja... ja... jamais navigué, ohé, ohé !...
- Assez ! Pitié !...
- Nous préférons le fouet !!!
- Notre travail n'est pas toujours drôle, mais ça c'est inhumain. Le Gaulois se tait, nous promettons de faire du zèle !
- Bande d'ignorants ! Brutes ! Vous finirez tous aux... D'ailleurs vous y êtes déjà !
Que les jeux commencent !
« - Au revoir Astérix ! Je vais me promener dans la forêt !
- Au revoir Assurancetourix !
- Non ! Assurancetourix ! Ne vas pas dans la forêt !
- Ta sollicitude me touche Obélix !
- C'est pas ça. C'est que quand tu chantes dans la forêt, tu fais fuir les sangliers !
- Rustre ! Les sangliers apprécient mieux que toi ma musique !
- C'est normal, tu chantes comme un cochon !!
- Hihihi ! Hohoho !
- Barbares ! Ignorants ! Sauvages ! »
C’est lors de cet échange comique que Assurancetourix, le barde malheureux du village gaulois, devient pour la première fois le personnage central d’une aventure Astérix. Autrefois relégué au rang de personnage secondaire utilisé uniquement pour des plaisanteries récurrentes consistant à l’attacher et le bâillonner pour le faire taire, surtout lors des banquets de fin, Assurancetourix prend désormais le devant de la scène, offrant une opportunité en or pour cet artiste incompris qui va pouvoir offrir aux lecteurs son premier spectacle musical. Alors qu’il entamait l’une de ses célèbres mélodies, que personne d’autre ne semble jouir, hormis lui-même : « Massilia de mes amours... », il est soudain assommé, bâillonné et enlevé par les Romains, sur ordre du préfet des Gaules, Caligula Alavacomgepetus. Ce dernier souhaite offrir à César un cadeau original et de grande valeur en ramenant l’un des Gaulois irréductibles.
« Astérix gladiateur », en tant que quatrième album de la bande dessinée Astérix, écrite par René Goscinny et dessinée par Albert Uderzo est une épopée particulièrement divertissante. Un album plein de fantaisie et d’humour qui explore pour la première fois Rome avec entrain, en offrant une plongée récréative et dynamique dans la ville éternelle. Sous la houlette d’Astérix et de son fidèle compagnon Obélix, nous sommes emmenés sur les voies spacieuses et dégagées menant à la célèbre Cité du monde nouveau, que nos deux amis découvrent en passant sous un panneau d’entrée portant l’inscription : « VIA APPIA ROMA ». A partir de ce moment-là, on se délecte de la transition au cours de laquelle nos compatriotes ruraux découvrent la grande ville ainsi que ses avancées révolutionnaires, à travers de nombreuses références judicieuses qui pimenteront la lecture, en commençant par les fameuses thermes. Le duo va passer un moment difficile dans les bains thermaux, de l’Apodyteria à la Sydatoria, en passant par la Caldarium. Une épreuve qui les fera transpirer abondamment : « Nous sommes durs à cuire, mais là ils exagèrent ! », mais leur calvaire prendra fin grâce au Frigidarium qui les soulagera, offrant l'inoubliable plongeon du Gaulois enrobé. S'ensuit, une séance de massage hilarante, au cours de laquelle Astérix démolira l’un des masseurs, ayant confondu ses palpations avec une agression. Avec cette mise en bouche savoureuse, les clins d’œil hilarants se multiplient : des H.L.M. (Habitations Latines Mélangées) aux mets romains qui ne plaisent guère à Obélix (un brin salés), en passant par le forum où Astérix regrette de ne pas pouvoir emporter d’images avec lui pour quand il rentrera en Gaule (coucou l'appareil photo), jusqu’à l’auberge du cirque où le duo subit un entraînement de gladiateurs à l’humour enfantin et parfois moqueur qui peut être considéré comme un peu grossier, avec des jeux de charades et de devinettes parfois un peu trop faciles.
Le récit de René Goscinny est riche en péripéties captivantes et en rebondissements attrayants, offrant une expérience de lecture stimulante où les pirates font leur première apparition et rencontrent Astérix et Obélix, qui deviennent rapidement leur pire cauchemar. Un voyage en mer fascinant au cours duquel on découvre l'élaboration du « STOP », mais aussi les réalités des travailleurs, les accords contractuels, les périodes de repos, les réductions de prix, le tout avec le sourire d'un syndicalisme qui ne semble plus très loin. Le point culminant du récit arrive avec le spectaculaire Grand Jeux du cirque, où le lecteur est émerveillé par l’enceinte majestueuse, l’arrivée triomphale de César dans la loge d’honneur et les gladiateurs pénétrant dans l'arène. On prend plaisir à découvrir les clins d’œil amusants comme les premières publicités, avant que les jeux ne commencent et que le spectacle ne devienne enivrant. S’ensuit une course de chars à la fois burlesque et palpitantes (que l'on aurait aimé plus longue) : « Moi je conduis et toi, tu écartes ceux qui sont trop près ! », ainsi que le lâché des lions, dont Assurancetourix fait les frais en entonnant : « Salut, ô mon dernier latin ». Puis, les gladiateurs font leur entrée avec le fameux « Ave César, morituri te salutant ! » suivi des "combats à mort". Toutefois, alors que le clou du spectacle est atteint, survient la douche froide : les Grand Jeux du cirque se transforment en un jeu de charades géant terriblement enfantin, ce qui, à mon goût, fait passer les gladiateurs pour des individus ayant un quotient intellectuel peu développé, pire des demeurés. Heureusement, une petite confrontation trépidante contre les Romains viendra à la rescousse, offrant une occasion pour notre duo de Gaulois de faire des ravages et de conclure le tout dans une séquence réjouissante.
Albert Uderzo offre toujours un dessin enfantin délicieux, avec des couleurs vives qui mettent en valeur la rondeur des traits des personnages et qui s’accordent parfaitement avec le ton léger de l’histoire. Les jeux du cirque et son arène, permettent au dessinateur de créer de magnifiques vignettes, bien que l’on puisse regretter le manque d’ampleur dans la représentation de la Cité de Rome, qui est explorée uniquement de l’intérieur à travers des dessins satisfaisants mais qui ne donnent pas une vue d’ensemble des enceintes majestueuses. Les personnages d’Astérix restent fidèles à eux-mêmes, notamment le petit guerrier Gaulois à la moustache jaune et au casque ailés qui, aussi vaillant qu’intelligent, n’hésite pas à prendre des risques pour sauver ses compagnons et sortir une fois encore de la Gaule. Il peut une fois de plus compter sur son ami inséparable, Obélix, grand amateur de sanglier, qui ne manque pas de présenter sa célèbre réplique : « Ils sont fous, ces Romains ! » Assurancetourix, le barde du village, censé divertir les villageois avec ses chansons, mais souvent interrompu ou empêché car sa voix est insupportablement désagréable, offre dans cet album une prestation amusante. On découvre à quel point sa voix est une arme redoutable contre n’importe quel adversaire. Derrière l’humour, se cache un personnage vulnérable et mal-aimé que l’on découvre un peu plus, qui malgré tout peut compter sur la fraternité des siens lorsqu’il est en danger. Jules César montre enfin le bout de son nez massif à travers une apparition conséquente où on peut le voir en tant que représentant de l’autorité romaine qui cherche à soumettre les Gaulois rebelles à son pouvoir. On explore le côté arrogant, vaniteux et avide de pouvoir du personnage, mais aussi une certaine "humanité". Parmi les nouveaux, le préfet des Gaules, Caligula Alavacomgepetus, à l'origine de tout ce foutoir, qui fait une petite apparition amusante au côté du centurion Gracchus Nenjetépus. Aussi Epidemaïs, un marin malicieux, ainsi que les fameux et pauvres pirates. Puis Caius Obtus, le plus important dresseur de gladiateurs de Rome, qui se présente comme l'antagoniste principal. Enfin, Plaintcontrix, personnage secondaire sympathique, compatriote Gaulois, qui fait une référence bienvenue à la ville de Lutèce, découverte dans "La Serpe d'Or", second album de la bande dessinée Astérix.
CONCLUSION :
« Astérix gladiateur » des Éditions Hachette, entant que quatrième tome, offre un moment de lecture agréable grâce à une histoire amusante qui allie gags et action de façon réussie. Malgré une limite malheureusement franchie dans le final, on accueille cet album avec un sourire de satisfaction enfantin. René Goscinny réussit la transposition des époques avec intelligence et l’identité artistique bien menée autour des décors apportés par les dessins d’Albert Uderzo donne une touche de délicatesse à l’aventure. Même si cet album n’est pas incroyable, il reste une aventure délectable offrant un moment de lecture divertissant.
Ils sont fous ces Gaulois !
- Salut, ô mon dernier latin.
- Sauve qui peut !!!
- Vas-tu te taire Gaulois !?
- Je chanterai, bande de barbares ! C'est la première fois que je chante dans une arène aussi vaste et je vais en profiter ! Allez tous en chœur Jolie fleur de pa pa pa... Jolie fleur de patricien...
- Qu'on l'enlève, par Junon !
- Lâchez-moi, vous dis-je ! Lâchez-moi !!!
- « Hi ! Hi ! Hi ! Hi ! Hi ! Hi ! Hi ! »