Critique et extraits: https://branchesculture.wordpress.com/2015/08/12/critique-au-dela-des-mers-alain-kokor/
« Petit poisson rouge, veux-tu traverser la mer rouge? » À ce jeu, on y a tous joué quand on était enfant, et voilà qu’Alain Kokor, avec Au-delà des mers, vient nous chercher dans nos confortables vacances pour nous faire traverser une autre mer dans un autre voyage. À la fois palpitant et onirique, brillant et insondable. Une vraie réussite pour un projet inqualifiable de beauté.
Depuis que le monde est monde, la mort mène le ballet, emportant les espèces les unes après les autres, les faisant évoluer peu à peu mais les conduisant toujours au linceul, dans la mer comme sur la terre. Pourtant, l’homme (ou ce qui y ressemble) le plus vieux du monde existe bel et bien et il habite au Havre. Petit poisson qu’il était, il est sorti de l’eau pour braver le continent il y a plus de 200 millions d’années. Et aujourd’hui, il mourra.
Enfin, si le départ du matelot ne se loupe pas, encore une fois. Et puis, peut-être, sera-ce demain, nul ne le sait sauf lui, et encore. Et lorsque Sonia, adolescente en proie aux doutes de son âge, s’installe avec ses parents en voisine du Matelot, les choses changent, les regards se croisent et les deux êtres comprennent qu’ils peuvent être utiles l’un à l’autre.
Quelle étrange histoire que ce nouvel opus signé Alain Kokor. Si étrange qu’on n’a toujours pas trouvé par quel bout commencer. Difficile de chroniquer un bouquin maniant si bien la bizarrerie et la poésie. Ça commence comme une exploration muette des abysses de la mer et de l’humanité, ça s’enchaîne tel un polar puis voilà qu’arrive un plan plus initiatique, poétique, absolument envoûtant au creux des vagues et des couches qu’Alain Kokor amène avec son style inégalable.
Au-delà des mers fait partie de ces pépites, ces perles que l’on peut regarder à l’infini tout en étant toujours sûr d’y trouver une nouveauté, ne fût-ce qu’un grain qu’on n’aurait pas vu. On n’a pas tout compris, et tant mieux, voilà le livre de notre été, marin et océanique, urbain et humain, qui invite à prendre le temps comme on prend la mer.