Aux origines - Justice League, tome 1 par Ninesisters
Pour avoir parcouru plusieurs titres du New 52 de DC Comics, j'ai vraiment eu l'impression de lire deux types de publication : d'un côté les super-productions, confiées aux vedettes maison mais avec pour consigne de faire dans le très classique et de ne surtout pas sortir des clous, et de l'autre des titres en théorie moins porteurs mais laissant par la même occasion plus de liberté aux auteurs. Le second phénomène ressemble fort à ce qu'ont pu faire Chris Claremont ou Grant Morrison sur des séries comme Excalibur ou 7 Soldiers of Victory : prendre des personnages moins iconiques - moins gravés dans le marbre, et possédant moins de fans - semble permettre de les titiller un peu plus, et c'est encore le meilleur moyen de produire un comics vraiment original.
Ainsi, je n'ai été que moyennement emballé par les nouvelles incarnations de Superman, Flash, ou Batman, tandis que des titres inattendus comme Dial H for Hero, Batgirl, Supergirl, ou Worlds Finest ont vraiment réussi à capter mon attention.
Ce Justice League par Geoff Johns et Jim Lee s'inscrit bien dans la première lignée, celle des légendes qu'il ne faut pas trop abimer, et auxquelles adjoindre des trames d'un classicisme achevé. Alors, c'est sûr, ces origines modernes contrastent fortement avec celles de la première incarnation de l'équipe, à l'époque du Silver Age, qui commençaient par une vision des héros nettoyant leur quartier général, puis la narration d'une histoire haute-en-couleur, dans laquelle des monstres de l'espace devaient s'affronter sur Terre pour déterminer le plus fort d'entre eux, transformant au passages les humains en créatures à leur image. C'était assez folklorique, mais non dénué de charme.
Avec Geoff Johns et Jim Lee à la manette, tout de suite, c'est une autre histoire : des monstres qui débarquent, de la baston dans tous les sens, des héros qui se tapent copieusement sur la gueule, un Green Lantern et un Superman insupportables, bref c'est plus moderne. Et plutôt grand public. Les auteurs mettent en place une menace (mais pourquoi tout de suite un tel ennemi ?), et ils déroulent un scénario extrêmement prévisible, avec même quelques facilités, pour justifier non seulement la formation de l'équipe mais aussi une débauche d'action. Basique, bourrin mais pas assumé comme tel, manquant d'originalité mais pas déplaisant à lire. Largement insuffisant hélas!, l'ensemble reste limité et si cette entame est censé donner le ton pour la suite, cela n'annonce rien de bon. En tout cas, je ne pense pas poursuivre plus avant ma découverte des nouvelles aventures de la Justice League. Ou alors il faudra que je jette un coup d'œil à la Justice League Dark.