Honnêtement, je m'attendais à un peu mieux de cet event. Il arrive avec plein de promesses, et finalement en tient assez peu. Il avait pourtant pour plaire un postulat de départ assez intéressant : Maria Hill a utilisé des fragments de pierre d'infinité pour créer une super-prison différente de tout ce qui a existé auparavant, une ville idéale où les habitants sont tous des prisonniers transformés ayant oublié leur passé et n'ayant plus accès à leurs pouvoirs. Mais le scandale est révélé et certains détenus commencent à reprendre conscience...
C'est un des pitchs les plus intéressants que Marvel a pu fournir récemment, avec beaucoup de place pour des segments atypiques : la vie des super-vilains transformés, le boulot des agents du SHIELD qui surveillent l'endroit, le mensonge qui tient de moins en moins, la ville qui sombre dans le chaos... Il y a des indices de tout ça, mais finalement tout est rushé pour mettre en valeur les éléments de continuité, les affrontements (surtout les affrontements sans enjeu entre "gentils" qui ne se comprennent pas, notamment quarante mille équipes d'Avengers de la nouvelle continuité - on n'est pas très longtemps après Annihilation), et les conséquences concrètes. Le cahier des charges en somme. Le meilleur indice de cela, c'est qu'à l'inverse de beaucoup d'events Marvel qui ont droit à leur mini-série, Stand-Off, lui, a surtout droit à deux one-shots vite fait, le reste étant des tie-ins qui tirent la couverture à leur propre série. Chaotique.
Standoff pèche par son côté pétition de principe : regardez tout ce qu'on aurait pu faire et qu'on ne fera pas, et cela jusque dans le personnage de Maria Hill. Un des personnages les plus chouettes de l'univers Marvel, car elle a toujours son propre agenda, son pragmatisme affiché ici la rend totalement inintéressante : elle défend son projet Pleasant Hill jusqu'à la mort tant qu'il y a une chance que ça tienne, et dès que ça ne tient plus elle est déjà en train de prendre une nouvelle voie et de tirer son propre bilan de tout ça. On sent clairement que le but est de lui donner un côté jusqu'auboutiste, super-espion amoral, mais comme c'est appuyé, rushé, pas développé réellement (au fond à aucun moment on a l'impression que son objectif avec Pleasant Hill est autre chose que "regardez à quel point je suis une ouf-guedin qui chie sur les traités"), elle parait surtout lunatique et... juste stupide en fait.
Standoff n'est malheureusement pas une exception, et ce que j'ai écrit ici, je l'ai déjà dit d'une manière ou d'une autre sur d'autres events, et je pourrais le dire sur bien d'autres encore. Marvel et DC ont bien compris l'intérêt du format event pour servir de produit d'appel facile, et ils ne s'embarrassent depuis pas mal d'années déjà que rarement de considérations sur la qualité objective de ces events. L'époque des Civil War ou House of M (qui ont tous deux connu d'ailleurs des versions bis ad nauseam ces dernières années) est révolue, l'objectif maintenant est de balancer au lecteur potentiel un pitch qui va attraper son attention suffisamment longtemps pour le faire acheter une jolie couverture, se demander pourquoi c'est le bordel dans la continuité et espérer que ça le fasse suivre une série traditionnelle.
Je dirais bien que je suis écoeuré mais on n'est plus trop à ça près. Je suis surtout un peu déçu parce que le pitch me plaisait bien et que j'aimais beaucoup auparavant suivre les gros events Marvel quand ils sortaient encore des sentiers battus. Comme je suis un gros client ça ne va pas m'arrêter, mais je ne peux décemment pas recommander ce type de lectures à qui que ce soit d'autre que ceux qui sont intéressés par la continuité (notamment du côté de Captain America en l'occurrence).
Les autres, lisez de l'indie.