Lâcheté et mensonges
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Voici un livre absolument incroyable, un témoignage supplémentaire du génie de Tezuka : "Ayako" est d'abord une fiction passionnante, au rythme effréné, qui dépeint de manière impitoyable la déliquescence d'une famille japonaise puissante dans l'immédiate après-guerre, alors que l'envahisseur américain et les mutations sociales (en particulier le développement d'une gauche activiste, ainsi que la naissance des préoccupations féministes) font basculer brutalement le Japon dans la "modernité". Impossible au lecteur de même reposer ce livre (qui fonctionne comme un thriller psychologique), accablé qu'il est par l'accumulation de situations profondément perverses alimentées par les vices ou les lâchetés de chacun des protagonistes. C'est d'ailleurs la complexité et l'humanité (voire l'inhumanité) des personnages qui sidère le plus : difficile de s'identifier à aucun d'entre eux, en particulier à Jiro, que le récit suit de plus près, et qui sera le vecteur du bouleversement des destins de toute la famille Tengé, puisque Tezuka le dépouille progressivement de ses derniers oripeaux de conscience... mais difficile aussi de ne pas ressentir de l'empathie envers tous, monstres ou victimes. C'est cependant ce fameux panorama historique et social qui fait de "Ayako" une oeuvre essentielle, au souffle indéniable, évidemment passionnante pour quiconque veut mieux comprendre le Japon. A suivre... en redoutant le pire, bien entendu !
PS : à noter combien la première partie de "Billy Bat" d'Urasawa dialogue avec "Ayako", mettant en cène de manière assez similaire le même fait divers de la mort du responsable des chemins de fer. [Critique écrite en 2016]
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Créée
le 4 oct. 2016
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