La folie prend chair
Dans un monde cyberpunk organique, la chair a remplacé l’électronique. Les maisons sont vivantes, les flingues parlent et les humains modifient leur corps à volonté. Dans cette société évidemment...
il y a 5 jours
Dans un monde cyberpunk organique, la chair a remplacé l’électronique. Les maisons sont vivantes, les flingues parlent et les humains modifient leur corps à volonté. Dans cette société évidemment corrompue, Butch vivote comme réparateur de climatisations tout en rêvant de devenir un gangster reconnu. Il a claqué toutes ses économies dans un super pistolet intelligent qui ne sait pas, lui non plus, où il campe. Mais les caïds de la pègre ne s’encombrent pas de loosers, et Butch doit faire ses preuves pour intéresser quelqu’un…
Darick Robertson est un dessinateur de comics vétéran qui s’est entraîné sur les superhéros classiques comme le Punisher ou Wolverine. Après avoir dessiné la sulfureuse série The Boys, il crée son propre one shot, Ballistic. Et force est de constater que ce monsieur, en plus d’être un dessinateur de talent, est également un vrai scénariste.
Ballistic est une œuvre d’art spectaculaire. Sa forme répond aux standards du cyberpunk : insertions de pages de publicité pour les gangsters, monde corrompu et personnages immoraux. Mais, afin de se démarquer de ce genre qui commence à être usé, Darick Robertson s’efforce d’être original et y parvient au-delà de l’imaginable. Le principe du monde, tout d’abord, est proprement génial. Si les implants organiques ne sont pas nouveaux, remplacer toute la technologie par de la chair est novateur. Ainsi, les voitures ont des ailes, les portes des tentacules, et chaque objet peut potentiellement se barrer en courant ou mordre. L’ambiance, ensuite, est déjantée. Les personnages sont des loosers volontiers crades, les armes tirent des lasers improbables et même le découpage des cases vire parfois au délire psychédélique. Le scénario, enfin, évolue vers une folie hallucinatoire parfaitement irréaliste. La fin est d’ailleurs anecdotique, il fallait bien terminer cette histoire d’une manière ou d’une autre.
Cette bande dessinée est non pas à classer dans la science-fiction, mais bien dans le surréalisme. Ballistic donne corps à la névrose, à la peur et à la folie en modifiant la chair et en personnifiant les objets (voire en objetisant les personnes). Le personnage principal est un antihéros alors que les femmes sont toujours puissantes (par leur charme, mais souvent par leur force). La sexualité est un plaisir comme un autre qui vient après la drogue et surtout l’adrénaline. Ensuite, les rapports de force sont enfantins, car entièrement débridés faute d’un quelconque maintien de l’ordre. Enfin, et c’est capital, la modification génétique permet tout. Devant cette insupportable toute-puissance, l’esprit sain du héros se recroqueville et fuit. C’est la réaction normale d’une psyché face à l’absence de structures dont le rôle est justement de protéger de la psychose. Ceux qui y cèdent sont invariablement fous.
Ballistic est une bande dessinée déjantée, malsaine et extrêmement originale. Si on regarde à l’intérieur, on y trouve la tristesse et même la détresse de son antihéros, la toute-puissance des femmes et les difficultés sexuelles qui en découlent. Mais si on reste à la surface comme tout bon lecteur devrait le faire, on se régale de cette œuvre d’art baroque, barrée et hilarante. Les détails crades et la violence physique ainsi que psychologique sont tout à fait supportables, surtout si on a survécu à The Boys. À connaître donc pour faire un beau voyage en Absurdie et pour découvrir une approche originale du cyberpunk.
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il y a 5 jours
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