A perfect day for bananafish
Classé très souvent en yaoi, Banana Fish n'a pourtant pas grand chose à voir avec les codes du genre - il m'a été vendu comme tel et une lecture du premier tome m'a vite mis au parfum - on est davantage ici dans un shônen, voire un seinen.
L'histoire tourne autour d'une guerre des gangs opposant Ash, un tout jeune chef dont les dents rayent le parquet à Dino, le parrain de New-York, ancien "propriétaire" et amant de Ash. La source du conflit est une nouvelle drogue, le "banana fish". Si le manga fait la part belle à la psychologie des personnages plutôt qu'aux scènes d'action, il développe une histoire plutôt efficace de rivalités, de lutte de pouvoir, de relations sulfureuses, aussi. Le trait évoque les vieux mangas (années 80, plutôt) et est assez atypique mais se "lisse" au fur et à mesure des tomes (les personnages y gagnent en "charisme shôjo" mais y perdent un peu en "gueule", de là à savoir si c'est un mieux...).
Bref, c'est efficace,c'est prenant, le personnage de Ash est attachant dans sa violence, sa rancœur et sa fragilité (toute relative, ceci dit) et les rapports qu'il est capable de tisser avec les autres personnages : les membres de son gang et principalement Eiji, assistant photographe pris malgré lui dans les luttes d'influence new-yorkaise. C'est à lui qu'on doit d'ailleurs la classification yaoi, bien que rien ne soit montré ou même dit, il semble relativement évident qu'un rapport un peu plus romantique aurait pu s'installer entre lui et Ash. Je dis "aurais pu" car l'amour n'est clairement pas le thème de banana fish et ça n'est en définitive pas plus mal puisque le manga développe ainsi une histoire haletante, entre polar et film de gang. Un bon cru, inclassable, comme si "Sanctuary" de Ryoichi Ikegami avait croisé la route de "Viewfinder".