Banana fish étant actuellement un titre indisponible en France et difficile à trouver d'occasion, cette critique se base sur les 12 premiers tomes de la série (sur 19).
L'histoire s'ouvre sur une mystérieuse tuerie au Vietnam. Nous sommes alors en 1973, un jeune soldat américain ouvre le feu sur ses camarades. Après cet épisode de folie, le jeune homme semble vide et ne prononce plus que les mot « banana fish ». Après un bond de 12ans, nous nous retrouvons face à une mystérieuse série de suicide. Un homme sur le point de mourir donne une mystérieuse substance et un message à Ash, beau jeune blond et chef de gang incontesté.
Le lecteur va alors suivre une histoire aux multiples rebondissement, entre amitiée-amour entre Ash et un jeune japonnais naïf, guerre de gang et complot de la mafia autour d'une drogue inconnue.
Akimi Yoshida est une autrice très importante au Japon, où Banana Fish est devenu culte depuis les années 90. On connaît en France sa superbe série Kamakura Diary, chef d’œuvre de tranche de vie aussi délicat que réaliste. On retrouve le coté hyperréaliste bien que Yoshida propose un manga bien plus sombre et violent.
Ash, Eiji, Shorter, Max Lobo, Dino Golzine, Arthur et bien d'autres. Banana Fish se base avant tout sur une série de personnages (masculins) complexe et intéressant. Le lecteur doit suivre une histoire complexe et mystérieuse dans laquelle le personnage de Ash, un jeune lynx à la vie difficile se révèle être autant un génie du tir doté d'une grande intelligence, qu'un chef de gang à l'autorité naturelle pouvant se montrer très soigneux avec ses amis. Au fur et à mesure qu'on en apprends plus sur le Banana Fish et sur Dino Golzine, chef de la mafia corse et tortionnaire de Ash, le récit prends de l'ampleur et se révèle toujours passionnant. Ash et ses amis vont affronter de terrible épreuves, l'autrice n'hésitant pas à faire mourir des personnages important et à torturer Ash.
Malgré sa violence, le manga reste centré sur l'humain et n'oublie pas d'inclure de petites touches d'humour salvatrice.
Banana Fish est classé comme une œuvre Yaoi pourtant l’œuvre s’éloigne des stéréotypes du genre. Les relations entre homme font partie de l'histoire mais n'en sont pas l'intérêt.
Le visage des personnages fait parfois penser à du Otomo, bien sur dans les années 90, l'influence du créateur d'Akira était partout. Le trait est cependant moins détaillé, plus anguleux. Les décors sont bon mais ce qui intéresse surtout l'autrice ce sont ses personnages, leurs expressions et sentiments. Nombre de personnages de la série ont beaucoup de charisme à commencer par Ash. Le dessin n'est pas forcément attirant au premier regard, pourtant il serait bien dommage de rester sur cette première impression tant l'autrice arrive à transmettre énormément de choses au travers de son dessin.
Une des grandes forces de l’œuvre est la précision du scénario. Le récit s’enchaîne et rebondie en permanence n'oubliant rien au hasard tout en créant des scènes d'une grande tension et puissance émotionnelle. Le lecteur passe facilement par une multitude d'émotions.
Je trouve juste que l'histoire se centre parfois trop sur Ash, en oubliant un peu la multitude de personnages secondaires tout aussi intéressants les uns que les autres.
Une lecture forte et unique qui peu plaire à tout amateur de bande dessinée. Une œuvre malheureusement difficile à trouver malgré des qualités qui en font un incontournable.