Batman : Dark Knight - La Relève, tome 3 par Mr_Kiki

Je vois qu'il n'y a qu'une critique sur ce titre, de plus désobligeante alors je me sens bien obligé d'un peu redresser la barre.

Bon, personnellement j'ai plutôt apprécié. Bien sûr ce n'est pas Dark Knight Returns mais je pense que c'est une œuvre qui vaut le coup d'œil.

Pour la méthode, précisons que j'aimerais faire de la BD et du dessin mon métier. Je suis passé par une fascination pour Berserk et Sun Ken Rock et leurs détails, puis j'ai été retourné par la clarté des aplats et lignages de Sin City, ce qui me fait tenir Miller en très haute estime. Je dessine, je dessine, je pense à ce que c'est que dessiner, se tuer à la tâche pour montrer tous les poils sous les aisselles d'un personnage dans le fond, auquel le lecteur ne fera jamais attention ... À écrire une intrigue bien ficelée, parfois en suivant des schémas narratifs préétablis ...

Je pense qu'au bout d'un certain temps, quand on fait le tour de la méthode classique, autrement dit qu'on chemine suffisamment intellectuellement dans le médium on en vient à vouloir se débarrasser des corvées attendues. Tout ça pour dire qu'en fait je comprends très bien, et que je me retrouve dans ce que Miller fait ici. Le mec a déjà fait Sin City et DKR, il n'a plus rien à prouver. Il cherche à faire sans repasser par les poncifs du métier. C'est humainement compréhensible. Cela n'apporterai rien de bon à qui que ce soit que Miller refasse DKR dans la méthode et dans l'acte.

En ce qui concerne la clarté du récit, pour ma part je la trouve plutôt bien gérée. Évidemment ce n'est pas limpide mais on comprend la continuité d'avec DKR. Et si la narration dissolue choque, elle est en revanche plus mémorable que les petits dialogues d'exposition où tout est lié mais sitôt perdu à la mémoire. J'ajouterai que c'était un aspect très important de DKR et qu'il est vraiment injuste d'en faire le reproche ici. C'est ici une amplification du phénomène, et c'est seulement à condition de n'avoir pas lu DKR qu'on peut se dire choqué par ça. Plus j'y pense, plus j'en suis convaincu; c'était un aspect vraiment très spécifique à DKR, amplifié, mis en exergue ici.

Au centre de cette BD étrange, il faut bien le dire, se trouve la poursuite d'un effort entamé depuis des années. Des années d'évolution artistique cohérente en quelques tomes. De quoi se plaint on?