Un jeune Batman, qui en est dans sa deuxième ou troisième année de lutte contre le crime, inspire un jeune marginal qu'il a sauvé un jour d'un tabassage et d'une mort certaine. Ce dernier, remis de ses blessures mais hanté par des visions cauchemardesques monte un groupe de vigilantisme, The Batmen, qui appliquent une justice de rue là où la loi ne fonctionne plus. Dès lors, le récit questionne plusieurs notions : celle du culte et de l'idolâtrie, avec ce jeune gourou dont personne ne conteste les ordres, même lorsqu'il sacrifie lui-même l'idole. Celle du vigilantisme et de la justice populaire ensuite, à travers le rapport complexe du GCPD avec la population de Gotham qui a pris en main sa propre sécurité, et aussi dans la relation ambigüe et contradictoire qu'entretient de Département avec le justicier le plus célèbre de la ville. Avec son écriture rapide et dense, Mike W. Barr interroge la place de l'ordre dans la société et celle de la violence légitime.
En parallèle, une histoire intéressante revisite la relation entre Bruce Wayne et la femme qui l'a recueilli au meurtre de ses parents, le docteur Leslie Thompkins.
Le point culminant de cette relation intervient à la fin du deuxième épisode lorsque le docteur doit soigner un Batman blessé par balles et découvre que son jeune protégé se cache derrière le masque.
Il y a même un autre sujet abordé ici, celui de la solitude d'un Batman qui apparaît très vulnérable et surtout trop sollicité au point de ne pas prendre le temps de se reposer ni celui de la convalescence, avec une ouverture à la fin du troisième épisode qui voit l'apparition d'un certain Richard Grayson.
Mike W. Barr fournit ici un travail d'écriture intéressant et très condensé sur trois épisodes seulement, ce qui constitue une rupture dans le titre Legends of the Dark Knight jusqu'ici composé de volets en cinq épisodes. Nous y trouvons un Batman encore jeune et naïf, qui fait encore référence à un de ses mentors (Harvey Harris) et surtout paie au prix fort ses errements, notamment la confiance qu'il a accordé à de jeunes vigilantes qui lui vouent un culte. Ces Batmen semblent directement inspirés des Sons of Batman de Frank Miller, mais ici plus que jamais le vigilantisme qui constitue un thème fort de Batman est questionné et abordé du point de vue de la police, du capitaine Gordon, du docteur Thompkins et de la population civile. Une écriture plus mature que sur le titre principal, un récit solide et dense.