Dans ce récit qui se situe autour de la deuxième année de Batman et de ses premières confrontations avec le Joker, nous avons en guise d'introduction un monstrueux exemple de la folie profonde de ce dernier qui n'hésite pas à faire exploser une bombe au milieu d'une foule d'enfants réunis autour d'un spectacle de clown, pour le fun. Un certain antagonisme s'est développé avec le Chevalier Noir de Gotham que le Joker voit comme son ennemi juré, au point de lui tendre un piège mortel et de parvenir à le tuer -- ou du moins le laisser pour mort.

Le problème, c'est que va devenir un personnage comme le Joker sans sa némésis ? A-t-il encore une raison d'être ? Une question plusieurs fois abordée dans les comics de Batman, mais jamais aussi franchement qu'ici. Sans son ennemi, le Joker traverse une crise existentielle et entame un parcours régressif qui le voit revenir à une vie normale -- going sane, prenant l'identité de Joseph (Joe) Kerr et tombant -- follement -- amoureux d'une certaine Rebecca avec laquelle il projette de se marier. Cette parenthèse heureuse est entrecoupée de séquences de folie et d'accès de violence qu'il peine de plus en plus à contenir, jusqu'à ce qu'un Batman remis de ses blessures ne se remette à sa recherche. La séquence finale dans laquelle les deux hommes se rencontrent à nouveau montre le soulagement du Joker qui va de nouveau pouvoir basculer dans la folie, le masque qui après tout lui convient le mieux.

Voici l'histoire d'une idée de scénario qui mettra longtemps à accoucher, J.M. DeMatteis l'ayant proposée à DC quelques années plus tôt, mais la sortie du Killing Joke d'Alan Moore avait alors dicté d'autres choix éditoriaux. Le format de la série Legends of the Dark Knight, centrée sur les premières années du Batman, offre un contexte plutôt propice pour le développement de la relation complexe entre les deux antagonistes et sur ce plan là c'est assez réussi. Le récit tient sur quatre numéros et se veut plutôt rythmé. Aujourd'hui c'est une des meilleures histoires sur la relation Batman-Joker, et probablement une source d'inspiration pour le White Knight de Sean Murphy.

Le graphisme en revanche peut être assez déconcertant, le trait franc de Joe Staton et les encrages de Steve Mitchell réservent quelques pages assez chargées, une impression amplifiée par une mise en page très découpée et l'omniprésence de cartouches parfois assez bavards. Ca ne plaira pas à tout le monde même si pour ma part je l'ai trouvé riche et intéressant, surtout cette mise en page qui sied bien à la personnalité morcelée du personnage central de l'ouvrage.

Yushima
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le 12 juil. 2024

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