Je m'attendais à quelque chose de plutôt médiocre avec cette série et j'ai été agréablement surpris.
Enfer blanc, à l'instar de son titre est pavé de bonnes intentions. Ce qui le plombe c'est que ses défauts sont manifestes alors que ses qualités peuvent passer inaperçues pour ceux qui n'ont pas une connaissance quasi encyclopédique de l'univers du super-héros.
La première chose à garder à l'esprit c'est que nous sommes en 1988. Soit deux ans après le "Batman - The Dark Knight" de Miller, que "The Cult" va chercher à imiter sur bien des points : Batman avec un fusil, la Batmobile char d'assaut, le combat entre Batman et le Diacre est également très inspiré de celui où Batman affronte le chef du gang des mutants.
Les ressemblances ne s'arrêtent pas là. Visuellement les deux œuvres adoptent le même schéma. La colorisation est similaire, de même que la mise en page où l'intrigue est régulièrement saupoudrée de flash-infos télévisés sur les réactions du public quant à l'action en cours.
Autre point à garder à l'esprit c'est que nous sommes 1 an après Watchmen. Du coup, le concept même du héros brisé mentalement s'inscrit dans la lignée de ce qu'a écrit Alan Moore. L'esprit d'acier des héros n'est alors plus infaillible.
Pour Batman c'est une première ; même si ce point sera terni par ce qu'en fera l'auteur. Nous arrivons là sur l'un des défaut majeur de l’œuvre, car sous couvert de nous présenter un Batman "brisé", Jim Starlin nous livre un personnage aux antipodes de ce que l'on connaît. Exit l'esprit combatif ou l'acharnement à résister, pendant les deux tiers de la série Batman n'est que la coquille de ce qu'il fût. C'est d'autant plus choquant si l'on prend pour modèle le Batman extrémiste de "The Dark Knight".
Afin de revenir sur un point positif je rappellerai que ce récit a été réalisé 5 ans avant "Knightfall" et 11 ans avant No Man's Land. Certaines grandes idées de ces œuvres cultes sont déjà présentes dans Enfer Blanc : la disparition de Batman, Gotham déclarée zone de non droit. Pour autant il n'a pas profité d’autant de renommée. La faute sans doute à un adversaire mal exploité et peu mis en avant.
Un illuminé qui utilise la religion pour prendre le pouvoir, dans l'univers DC, c'est original ! Toutefois l'auteur ne donnera jamais au personnage du Diacre, ni le charisme, ni le poids nécessaire à son état.
En définitive, bien que le fil rouge du récit soit cohérent, on a un Batman trop faible qui affronte un adversaire très puissant mais auquel le lecteur n'arrivera pas à lui donner de crédit.
C'est pourquoi, sans dire que tout est à jeter, je recommanderai essentiellement la lecture de cette BD à ceux qui veulent compléter leur culture général de l'homme chauve-souris. Pour les autres c'est juste un comics aux défauts trop marqués et aux qualités trop discrètes.