La porte de Gotham : Les origines et le destin d'une ville.
Bon, j'avais quasiment fini d'écrire une critique assez longue de ce comics quand mon navigateur s'est fermé. Dépité et incroyablement frustré, vous n'aurez donc droit qu'à un court résumé ce qui était prévu.
Introduction : Petite mise en contexte marchande.
Alors que les ventes de comics s'essoufflaient aux états-unis au début des années 2000, pour rebooster les ventes les grands éditeurs décidèrent d'organiser en 2002 un événement spécial, devenue aujourd'hui une tradition très appréciée des amateurs de comics : le Free comic book day. Le premier samedi du mois de mai, chaque éditeur propose gratuitement un numéro tiré de leur univers dans le but d'initier ceux qui n'auraient pas l'habitude de lire des bande-dessinées mais aussi pour encourager les gens à fréquenter les magasins spécialisés. Les numéros inédits proposés sont de qualités et d'importances variables, mais de très bonnes surprises ont régulièrement été publié notamment par les deux plus grands éditeurs, Marvel et DC. Certains numéros sont ainsi devenus des indispensables. En France, l'année dernière a été introduit cette tradition devenue si importante dans le monde du comic book, mais c'est cette année que les deux grands plus grands éditeurs Delcourt et Panini décident d'y participer. Delcourt offre le premier tome d'une série avec une très bonne réputation, Velvet dans l'univers des James Bond, et fait donc un beau cadeau à tous les chanceux qui l'auront entre les mains. Panini dont les choix éditoriaux ont toujours été des plus douteux, propose lui un numéro de Spiderman, super-héros très apprécié, ce qui pourrait être une belle offre, si cet épisode ne se révélait pas si anecdotique et loin d'être indispensable. Quid de la star de l'édition de comics depuis quelques années Urban Comics qui proposent toujours de très belles éditions reliées et cohérentes (bien que parfois incomplètes) ? Et bien si elle ne participe pas à cet événement, c'est presque le cas puisqu'elle s'associe au 48hdelabd, un événement très similaire qui s'est déroulé deux semaine après le free comic book day mais dont les participants ne sont pas forcément spécialisés dans les comics, loin de là. C'est à cette occasion que j'ai eu la chance de recevoir gratuitement cet épisode. Il faut d'abord mentionné la critique qu'a subie l'éditeur à propos de ce choix. Alors que la tradition privilégie d'offrir des numéros inédits, l'éditeur offre ici un épisode qu'il a déjà publié en relié sous le premier de la série des Batman Hors Saga. Première tome d'une série, cet épisode est donc déjà possédé par de nombreux amateurs de Batman.
Malgré ce public donc restreint, les autres vont être très content probablement de ce choix.
Fin de l'introduction.
C'est une très bon tome selon moi que celui-ci. Il met en parallèle deux intrigues profondément liées l'une à l'autre. Au temps présent, un terroriste fait sauter un pont de Gotham et menace la ville et notamment les grandes familles de celle-ci. Celles qui sont à l'origine de la construction de Gotham, les Wayne, mais aussi les Eliott (ancêtre du super-vilain nommé Silence) et les Cobblepot (aïeux du très célèbre Pingouin).Cette intrigue est présentée en parallèle à un flashback nous présentant la construction de Gotham par ces trois familles, centrées sur Alan Wayne, l'ancêtre donc de Bruce, et surtout les architectes qui ont permis la construction de la ville à la fin du XIXe siècle.
La première intrigue est intéressante parce qu'elle donne de nombreux éléments pour saisir des protagonistes importants de l'univers de Batman, principalement trois Robin, Dick Grayson, Tim Drake et Damian Wayne. En effet elle se déroule alors que Dick porte le costume de Batman qu'il a repris lorsque celui-ci est présumé mort. Il est depuis revenu, mais se consacre à un projet international Batman Inc. et laisse la charge de Gotham à Dick, pour un temps.
Cette période nous montre souvent comme dans sombre Reflet, un Dick qui n'est pas aussi à l'aise que Batman dans ce costume. Alors que Bruce est plus expérimenté, mais surtout plus cynique, plus déterminé et plus distance, Dick a toujours un personnage plus joyeux, plus optimiste, naïf même diront certains. Inspiré la peur n'est pas si évident pour Dick, il n'est totalement à l'aise dans ce rôle. Cet épisode nous le montre prendre finalement ses marques dans ce rôle.
Mais ce qui m'a semblé le plus intéressant, dans l'intrigue contemporaine, c'est l'arrivée de Black Cat. Celle-ci est normalement en charge de jouer le rôle de Batman à Hongkong, faisant donc partie du grand projet de Bruce la Batman Inc. ; elle revient ici le temps d'aider nos trois héros. Sa présence ici n'est pas en soi intéressante, mais l'est pour sa relation avec Damian. Elle rencontre en effet le fils de caché de Bruce Wayne, qui est devenu le nouveau Robin. Celui-ci est violent, impulsif et arrogant. Méprisant, il a du mal à accepter de voir le rôle de Batman porté par un autre que son père. Ses relations avec les autres sont conflictuelles, il avait même d'ailleurs dans un autre numéro sauvagement tabassé Tim Drake (le troisième Robin). Et il vit très bien ses frasques. Elévé en tant qu'assassin alors que son père ignorait son existence, il est très admiratif de celui-ci et souhaiter l'aider comme il peut. Il prend donc très à coeur la fonction de Batman, qu'il souhaite soutenir de son possible. Son caractère provoque avec Bruce lui-même des difficultés, cependant ce personnage par ses élans contradictoires est intéressant ET attachant. En nous présentant un personnage Black Cat qui découvre Damian, l'épisode introduit une relation conflictuelle entre les deux personnages qui finira par s'apaiser. Une phrase de Robin permettra de mettre à jour explicitement, l'aspect attachant de Damian. Ce dernier est une création relativement récente de Grant Morisson, il est donc toujours intéressant de le voir intervenir dans une intrigue de Batman et d'appréhender sa personnalité, ambiguë. Et pour le lecteur qui n'en saurait pas beaucoup à son propos, la rencontre entre celui-ci est Black Cat permet de le découvrir naturellement.
Enfin à propos de Tim Drake, certains éléments permettent de le distinguer des autres Robin. Si Damian naturellement par son caractère radical ne prête pas à confusion, Tim Drake est plus proche d'un Dick Grayson. Bien qu'il soit le seul des trois premiers à ne pas être orphelin, sa véritable différente réside dans son caractère plus réfléchi. Il est le plus intelligent des Robin, du moins le meilleur enquêteur, et cela est mentionné à quelques reprises.
Cette première intrigue permet donc d'apporter un condensé intéressant d'éléments permettant de mettre en valeurs l'essence de plusieurs alliés de Batman.
Mais cette intrigue contemporaine est loin d'être la qualité principale de ce numéro. C'est avant tout le flashback qui rend selon moi indispensable cet épisode. Superbement mise en scène, très bien rythmé, ils dévoile la construction de la ville et les liens unissant finalement les familles régnantes de Gotham. Mais plus encore, il permet de justifier la situation de Gotham City. Cette ville subit tellement de catastrophe, semble tellement désespérée, que ses malheurs en deviendrait presque comique. Le sort semble s'acharner sur elle et rien ne semble pouvoir y changer. Un absurde destin.. Ce côté absurde sans forcément me gêner m'a toujours laissé perplexe, au lieu d'être victime, elle devenait beaucoup bouc-émissaire. Et ce tome permet enfin de mieux justifier le destin de la ville. En racontant ses origines, les rêves qui l'ont fondée, la création de cette ville dans l'optique de devenir un symbole de modernité et d'avenir, est fait de telle manière qu'on y voit déjà les germes qui la parasitent et qui forgent son destin. Alan Wayne est un personnage qui fera vivre de très bon moments, s'il semble relativement simple. L'intrigue nous offrira quelques rebondissement qui nous feront à deux reprises revoir notre opinion sur lui. Si le premier ne m'a pas plus enthousiasmé que ça, le second m'est justement devenu jouissif. Des origines donc qui forge un destin. C'est cet aspect qui rend passionnant ce tome. Beaucoup ont reproché à celui-ci d'être autosuffisant, de ne pas bousculer l'univers de Batman. Personnellement, je trouve que l'autonomie d'un tome est souvent une bonne chose. Les événements importants qui font évoluer l'univers de Batman ne sont pas si souvent inclues dans des épisodes en soi très intéressants. Bien souvent leur valeur n'est justement que d'introduire de nouvelles possibilités (il y a bien entendu un certain nombre d'exception). Par contre, un épisode doit apporter une plus-value à l'univers, et c'est bien ce que font ces Portes de Gotham qui éclaire d'un jour nouveau la ville de Gotham City, qui est ici traité comme un personnage à part entière. On retrouvera d'ailleurs une perspective similaire dans la Cour des hiboux qui suit chronologiquement cette intrigue. D'ailleurs, celle-ci introduit à la fin, le retour de Bruce, ce qui n'est pas si anodin.
Indispensable donc cette épisode par son contenu, il faut maintenant aborder rapidement le points des graphismes. Ils m'ont un peu effrayé aujourd'hui, beaucoup semblent numériser, tous mêmes. Cela instaure au tout début pou les habitués des comics un aspect artificiel, un à priori désagréablement "commercial". Vite fait, fait simplement. En réalité, rapidement, on se rend compte que les dessins sont très efficaces, que la mise en scène est très bonne, que les couleurs sont adaptés. Solution de facilité peut-être, mais véritable solution. Je ne souhaite pas pour autant voir de plus en plus ces dessins visiblement très travaillés à l'ordinateur mais ils n'ont en rien gâcher la lecture, on les oublie totalement d'ailleurs emportés par l'histoire et grâce à cela, on les apprécie même le temps de la lecture.
