Si Batman était un poème...
...ce serait une épopée, Enéide moderne, le Paradis Perdu des super-héros qui, tous avec envie, regardent depuis plus de septante ans Celui qui était là au tout début et qui sera encore là quand tous les autres auront été ringardisés. Plus que n'importe quel héros de BD, Batman s'adapte à tout, aux époques comme aux auteurs, et les meilleures plumes du siècle passé lui ont fait dire tout le tragique et le grotesque de la condition humaine. Et aujourd'hui encore, ça continue...
Conscient de cet héritage quasi-religieux, Neil Gaiman, auteur mythologique s'il en est, s'approprie un court instant la mort du prince des héros costumés et lui offre l'Eternité, rien de moins. Un voyage à travers les époques et les styles, brillamment illustré par un Andy Kubert au sommet de son Art. Batman et son entourage apparaissent évanescents, versatiles, insaisissables dans leur multiplicité intrinsèque aux différents âges des Comics, aux multivers et autres Elseworlds. Pourtant, une fois l'histoire terminée, l'Essence de Batman est révélée, cristallisée, préservée à jamais dans le marbre de la culture humaine. Gaiman a tout compris, il nous fait redécouvrir à chacun NOTRE Batman, comme une évidence.
Si je n'ai mis "que" 8, c'est simplement parce que c'est trop court, ho oui, beaucoup trop. Il y avait matière à remplir un recueil entier. Tu t'es contenté de l'apéritif, Neil. C'est pas grave: c'est déjà grandiose ainsi.