Les mêmes teintes ont les mêmes composants

Tellement original et bien pensé, pour l'époque tout du moins, Spider-Man reprendra cette idée plus tard dans les Ultimate : associer le symbole animal, ces sentiments ataviques de son rapport à l'humanité aux interprétations de la fonctionnalisation industrielle.

Qu'est-ce que ca veut dire exactement ?

Que l'on relie les interprétations originelles derrière la chauve souris et la version de ses ténèbres de celle de la contemporanéité.

Ca crée un contraste surpuissant qui relie la source la plus immémorée à celle la plus actuelle, la plus présente psychologiquement et la plus présente matériellement : nouer l'intemporel et le contemporain dans une seul œuvre qui va être donc pleine du sens le plus profond par son omniprésence spirituel et physique.

Batman va donc être selon la nouvelle vision de modernité des comics, un signe de ténèbres pour les ténèbres : chasser la terreur par la terreur, le feu par le feu.

L'animal n'est plus une source de peur simpliste pour tout un chacun, mais un gardien qui chasse ceux qui veulent investir les grottes pour faire des choses dans l'ombre de ses semblables.

Tout ca dans une histoire courte et pourtant si enracinante émotionnellement par plusieurs de ses personnages et de leurs propos.

Les riches n'ont jamais cessé de faire des sacrifices humains aux dieux pour le pouvoir, tout c'est substitué sans cesse, subtilisé.

Pour prendre possession des choses, on ne peut plus pénétrer que par l'esprit, le sens des choses étant devenus si léger, volatile à cause de l'accélération de l'Histoire.

Il faut comprendre les agissements de son ennemi pour l'arrêter, lui même ne comprend pas la perpétuation de ses cultes à l'asservissement du plus grand nombre, même de lui-même, par la doctrine, le monde sans consistance : l'aliénation à l'état pur.

Psychose collective générée par la folie de la peur du changement, de l'incontrôlable, de l'autrement, autre chose, autre part.

En agitant d'autres totems monstrueux mais étrangers, certains veulent permettre aux hommes de sortir de leurs anfractuosités, par la terreur.

D'eux-mêmes pour subir la lumière assez longtemps pour s'habituer et ne pas retomber dans une excavation, une faille de leur être.

Les chauves-souris secouent les hommes dans les airs, en espérant que leurs esprits reprennent l'équilibre sur le fil de l'humanité.

Les chambouler pour qu'ils ressentent les autres et l'attirance inhérente pour l'union avec ses semblables, la bienveillance intrinsèque des êtres sans superposition de système servant des intérêts : "faire tomber les croyances limitantes".