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Je continue ma découverte de la saga Spawn, et après avoir lu les 20 premiers numéros de Spawn, je m'attaque aux crossovers Batman/Spawn de 94.

C'est là qu'on se rend compte que la série de McFarlane avait démarrée en fanfare et était un vrai succès commercial, et que DC était probablement dans le creux de la vague, parce qu'à peine deux ans après sa création en 92, Spawn a donc le droit à sa rencontre avec Batman, alors que les crossovers entre licences n'arrivent pas non plus tous les quatre matins (même si c'était bien plus populaire et fréquent dans les 90's que ces dernières années).

Le tome est composé de deux one-shots, il y a donc d'un côté celui fait chez DC, "Batman/Spawn: War Devil", qui ouvre l'album (en VO en tout cas, j'ai pas eu l'occasion de feuilleter l'édition d'Urban), qui rassemble un trio de scénaristes de Batman de l'époque : Doug Moench, Chuck Dixon et Alan Grant, avec Klaus Janson aux dessins, plus connu comme encreur, notamment de Miller sur Daredevil et The Dark Knight Returns.

Ce que j'aime bien dans cette première histoire, c'est que Janson a un style de dessin un peu plus rétro que les mecs de chez Image, donc c'est intéressant de voir Spawn réinterprété de cette manière, qui fait plus "super-héros traditionnel", et en même temps le numéro arrive à avoir l'ambiance sombre et mystique qu'il faut, avec beaucoup de masses de noirs dans l'encrage, plein de projections d'encre qui apportent un côté poisseux, et une colorisation plutôt réussie pour l'époque, qui ne va pas trop loin dans les effets numériques, qui comprend qu'il faut une ambiance nocturne permanente, et qui ne va pas dans des couleurs ternes à la Vertigo mais propose plutôt des ciels bleu foncé, rouge ou violet assez funky, qui donnent l'énergie qu'il faut au récit.

Côté scénario, l'idée d'une enquête qui vire au mystique est plutôt pas mal pour rassembler les deux persos. Mais si on sent que les scénaristes maîtrisent Batman, on les sent plus à la peine sur Spawn, où il ont un peu de mal à lui donner des motivations concrètes et qui est globalement pas super bien écrit. L'histoire n'est pas non plus sensationnelle, avec un vilain jetable sans charisme, mais bon, l'ensemble se laisse lire. C'est vraiment une version plus "classique" du crossover avant la version de Miller et McFarlane, qui à l'avantage et les défauts du côté excessif et sale gosse des deux artistes. Le contraste entre les deux approches est intéressant, et ça en donne un peu pour tous les goûts.

En seconde partie d'ouvrage, on a donc le crossover sorti chez Image : "Spawn/Batman", avec Frank Miller au scénario, ce qui est un évènement puisqu'il revient sur Batman après The Dark Knigt Returns et Year One, et il revient sur Spawn après avoir écrit le 11e épisode, un passage clairement beaucoup moins culte que son passage sur Batman. Et aux dessins, c'est Todd McFarlane qui s'y colle, et qui avait déjà, lui aussi, bossé sur Batman (mais j'ai pas encore lu ces épisodes pour ma part).

Miller décide d'inscrire son récit dans la continuité de TDKR, pourquoi pas, mais le problème c'est qu'il écrit un Batman plus jeune exactement pareil que le Batman âgé du récit d'origine, ce qui fonctionne moins bien quand le perso n'est pas censé être devenu un vieux con. Et ça y va à fond dans la narration façon récit noir, avec un Batman hyper taciturne, revêche, têtu, méprisant qui passe son temps à traiter Spawn de punk, ce qui, combiné avec le trait un peu caricatural de McFarlane, donne un résultat étonnant, limite parodique. En fait, on sent que Miller ne veut pas prendre trop au sérieux la rencontre de ces deux persos et qu'il en profiter pour s'amuser, notamment en poussant à fond l'écriture de son Batman, quitte à en faire une caricature de lui-même. Même si ça va pas non plus aussi loin que le côté satirique du Spawn #11, où Miller s'amusait encore plus avec le côté grotesque des dessins de McFarlane. Par contre, dans sa logique de "polar noir", Miller essaye de donner un côté "femme fatale" à la vilaine, mais McFarlane n'a visiblement pas reçu le mémo, ce qui donne un ou deux moments qui tombent un peu à plat.

Les dessins de McFarlane sont, quant à eux, toujours inégaux. Je suis personnellement pas le plus grand fan de son style, surtout sur les visages humains, mais on peut au moins toujours compter sur lui pour offrir quelques splash pages assez iconiques, il s'en donne bien entendu à cœur joie sur les capes et ça donne quelques visuels très sympas.

Au global, comme pour le premier récit, l'intrigue de fond est vraiment prétexte, avec là aussi un adversaire jetable sans charisme. Mais ça se laisse lire, et il y a un certain charme au côté très excessif aussi bien dans l'écriture que dans le dessin de ce numéro. C'est assez con et bas du front, mais ça en est en même temps ça ne se prend pas au sérieux et ça se veut juste proposer une petite histoire fun entre les deux héros.

Que retirer d'un album comme celui-ci ? D'un côté les histoires sont un peu insipides, avec des adversaires sans grand intérêt dont on se fout, et des séquences de bastons entre héros qui sont plutôt stériles, mais en même temps voir les deux personnages se rencontrer est quand même assez plaisant. Surtout qu'ils ont une dynamique intéressante, avec le côté mystique de Spawn et ses méthodes expéditives qui désarçonnent forcément Batman. Et Spawn, de son côté, n'a pas encore vraiment eu d'alliés et/ou de team-up à l'époque où ce crossover est sorti, donc c'est intéressant de le voir coopérer avec un autre héros sur une enquête.

C'est clairement pas des lectures indispensables et c'est clairement pas de la grande BD, mais c'est une curiosité amusante pour les fans des persos.

arnonaud

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