Des très bons runs de Batman, on commence à en connaître une palanquée, réalisés par les maîtres du genre : Miller, Moore, Morrisson/ Mc Kean, Loeb/Sale, Snyder/Capullo, Azzarello, Tynion V, Ram V et j'en passe. Pourtant, si l'on pourrait croire qu'il n'y a plus grand chose à raconter sur la chauve souris vigilantiste du quartier, c'était sans compter sur le splendide run proposé par Sean Murphy avec son White Knight.
Déjà exercé au genre du comics depuis de longues années, Murphy réussit l'exploit d'offrir un récit palpitant revisitant la mythologie éculée du Chevalier Noir ainsi que la relation entre lui et son nemesis.
Avec une écriture soigné et un propos politique assumé, il arrive à offrir un nouveau visage au Joker en explorant la bipolarité qui l'habite au travers de Jack Napier. En amenant l'affrontement entre les deux titans sur un terrain politique et social, Murphy dépeint une frange de la population de Gotham souffrant des poursuites ravageuses entre la Chauve Souris et son némésis, et en proie à une élite carnassière avide de spéculer sur leurs combats féroces.
Avec un trait toujours aussi plaisant à l'œil, charbonneux et crayonné, Gotham n'a jamais paru si sombre et violente, et tout cela est aussi rythmé par des affrontements dynamiques et sanglants avec de sublimes cases aux niveaux de détails parfois maladif. Les visages débordent de sentiments, et l'incroyable travail des couleurs de Matt Hollingsworth donne un cahchet au travil de Murphy.
C'est donc avec une grande maturité dans son écriture et une maîtrise complète de son potentiel visuel que White Knight s'inscrit dans le panthéon des grands classiques DC, démontrant qu'il est encore possible d'exploiter le terreau de Batman.