Injustement perçu comme la suite "pas à la hauteur" du légendaire Batman: Year One du tandem Miller / Mazzucchelli, ce Year Two mérite pourtant un peu plus de considération. Si dans la chronologie de publication, ce Year Two fait immédiatement suite au révolutionnaire Year One, l'un n'est qu'un vague écho de l'autre et pas une suite au sens propre. Tout d'abord parce que Mike W. Barr, un régulier de chez DC, avait travaillé sur les origines de Batman dès 1984 donc avant Frank Miller qui à cette époque commençait à ébaucher la trame de The Dark Knight Returns, un volet où Batman apparaît plus âgé et rangé. En 1986, Denny O'Neil fait parvenir à Mike Barr le script du Year One sur lequel est en train de plancher Miller. Pris de court, Barr va devoir revoir sa copie et situer son récit quelques mois après le "Year One", dans ce que DC nommera opportunément le "Year Two". D'après son auteur, 75% de ce qu'il avait écrit dès 1984 a été conservé dans cette série, le reste ayant été adapté pour coller au travail de Miller.
Batman, déjà établi à Gotham City, livre ici une enquête assez classique contre un justicier auto-proclamé du nom du Faucheur, qui ne voit en Batman qu'un copieur imparfait, puisque lui n'hésite pas à tuer au nom de sa morale ceux qu'il estime être ses ennemis : voyous, dealers, prostituées et même les flics. Chose que Batman s'interdit. Pour l'arrêter Batman va mettre à rude épreuve la confiance du commissaire Gordon en faisant le choix surprenant de s'allier à la pègre et notamment à Joe Chill, le meurtrier de ses parents, pour traquer le Faucheur. Il porte tout au long du récit un pistolet en bandoulière, le Colt .45 qui a servi à tuer ses parents et on devine son dessein de se débarrasser de Joe Chill avec cette même arme une fois qu'il aura mis hors de circuit le Faucheur.
Ce qui en fait un épisode assez sombre mais très agréable à lire. On découvre assez rapidement la véritable identité du Faucheur ce qui évite de se perdre en conjectures et de se focaliser sur la face sombre de Bruce Wayne / Batman, lui qui alterne ce côté très noir proche de la vengeance et de la folie sous le masque, et œuvres de charité et romance le jour (à ce titre la relation amoureuse avec Rachel était assez dispensable).
Cette série est aujourd'hui sortie du "canon" officiel, à cause notamment du récit autour de Joe Chill qui est supposé avoir été tué au cours de son arrestation, et du fait que Batman utilise une arme à feu.
Le dessin d'Alan Davis est largement à la hauteur -- je le préfère à celui de Jim Aparo qui prendra la main sur le titre Batman par la suite -- de même que la colorisation qui rend bien l'ambiance de la ville. La suite du récit est dessinée par Todd McFarlane (Spawn) qui impose son trait particulier et propose un Batman tout en mouvement avec une cape interminable.
Un bel album à découvrir ou à relire, les éditions récentes incluent en plus des quatre numéros de Detective Comics le Batman: Full Circle.
[7,5]