Margot, jeune étudiante en philo de 23 ans, décide de s’installer à Berlin pour respirer loin de Paris. A la recherche d’un emploi, elle va vite découvrir l’envers du modèle économique allemand… et nous devenir tout aussi rapidement antipathique. La narratrice nous assène ses vérités, nous donnant l’impression qu’elle sait tout, mieux que tout le monde, mais elle ne s’aide pourtant pas franchement. Comme si le déménagement en contrée étrangère, dans un pays certes limitrophe, mais avec ses propres spécificités, avait été décidé sur un coup de tête. La ville européenne du moment (l’action de la BD se déroule en 2011), qui attire de nombreux jeunes aux profils similaires, voit son marché du travail saturé, mais quelle surprise !
Alors oui le modèle libéral allemand ne fait certainement pas rêver, il exploite les jeunes diplômés en ne leur offrant qu’emplois précaires, salaires de misères et sécurité sociale inexistante. Néanmoins, la bande-dessinée s’attarde sur un domaine bien particulier, celui de la communication et de la culture. Même si le droit du travail et les acquis qui en découlent ne sont pas les mêmes en France et en Allemagne, le propos ne serait pas nécessairement beaucoup plus élogieux à Paris où le secteur est aussi bouché et où les stages plus ou moins rémunérés ne sont pas non plus des cas isolés…
Berlin 2.0 propose également une réflexion critique sur la gentrification causée par ces salauds de bobos, qui est involontairement drôle quand on la rapporte au comportement de notre héroïne : elle a déménagé pour profiter du cadre de vie berlinois parce que à Paris comprenez-vous, on étouffe, et s’enthousiasme pour son 70 m² en sous location qui ne lui revient qu’à 350 € par mois ! Chacun voit midi à sa porte…
La thématique abordée par Berlin 2.0 est intéressante et elle aurait mérité d’être creusée davantage, mais peut-être pas sous le prisme d’une fiction que l’on sent largement autobiographique et où l’apitoiement sur soi-même passe avant le sujet traité. C’est peut-être cathartique pour son auteur mais je suis toujours un peu dubitative quand la bande-dessinée sert d'exutoire pour geindre de cette manière...