Dans la foulée de l'intégrale sur Aldébaran, j'ai attaqué Bételgeuse, en bonne croqueuse de mondes que je suis. Et j'ai tout dévoré d'un coup, parce que c'est un bon petit goûter graphique ! Après, ça a les mêmes qualités et les mêmes défauts que le cycle précédent. C'est-à-dire que c'est foisonnant, inventif, rafraîchissant, humaniste, animaliste, généreux... je suis particulièrement impressionnée par le bestiaire fantastique inventé, qui joue un rôle central dans l'intrigue. Je n'avais vu ça nulle part de façon aussi poussée. L'histoire se développe sur 5 tomes et forme un tout; c'est agréable d'arriver au bout d'un cycle autonome qui a malgré tout des liens puissants avec le précédent. Question défauts, au risque de me répéter, on peut interpréter mon 'rafraîchissant' précédent comme une façon de dire 'scandaleusement naïf', mais ça serait un peu cruel, même si certains tics de narration sont exaspérants, voire inquiétants. Par exemple, cette manie d'exhiber les femmes torse nu et en culotte tout en tenant un discours d'émancipation féministe. Je sais qu'on ne va pas faire avancer le débat de la condition féminine ici, mais j'ai eu la désagréable impression de subir 10 tomes, en tout, d'ébullition hormonale adolescente dans la cour du lycée au printemps. Les 'garçons', qu'on peine à appeler les hommes, dans l'histoire, louchent éhontément sur les opulentes poitrines généreusement offertes à leurs yeux, le disent, en rient, ou menacent pour pouvoir y mettre les mains, mettent finalement les mains - eh oui, le sexe, ça détend, et ils sont tellement stressés, ces pauvres personnages! - et le reste, et tout cela prend une place considérable dans le développement de l'intrigue. C'est un choix, bon, et c'est relativement bon enfant, mais ça a fini par me casser sérieusement les pieds. Pas au point de me décourager de lire le 3ème cycle, cependant. Et puis, à côté des héroïnes-victimes de Bourgeon, par exemple, celles-ci ont quand même leur mot à dire dans les ébats qui les attendent une fois par tome au moins... C'est pas si mal. Malgré tout, j'ai souvent levé les yeux au ciel en songeant que tout ceci me rappelait furieusement l'ambiance 'hippies en goguette' de la Croisière s'amuse, qui n'est quand même pas une référence prestigieuse. Allez, je ne veux pas finir sur une note négative, parce que ça serait injuste. C'est que je suis tatillonne sur ces questions.