Un ami m'a prêté l'intégrale en me conseillant vivement cette lecture. Ayant toujours apprécié le genre lovecraftien et Stephen King, c'est peu dire que j'avais fort envie de me plonger dans une nouvelle ténébreuse histoire des dessous sombres de l'Amérique.
Las, j'ai dû m'arrêter à la fin du tome 2, impossible d'accrocher à ce récit.
On fera court car il me semble avoir relevé deux écueils majeurs qui m'ont gâché tout le plaisir de lecture.
D'abord, le dessin est laid.
Certes, on ne demande pas du Blacksad à chaque case, le rythme de parution n'est pas le même qu'une BD "habillée", mais tout de même... Ici, j'ai véritablement eu le sentiment que l'on était en-dessous du niveau minimal attendu de la part d'un dessinateur pas trop paresseux.
En premier lieu, les traits des visages sont terriblement grossiers. Tous les personnages ont comme un air de débiles profonds, il y a quelque chose de bâclé là-dedans.
La couleur, ensuite. Beaucoup de tons criards, et l'hémoglobine est si exagérée qu'elle rend comique ce qui aurait dû être tragique. C'est moche (au propre comme au figuré).
Ensuite, les personnages sont fades.
Bon sang, et dire que l'on entend parfois des admirateurs expliquer que la relève de Stephen King est assurée. Ce qui est consternant dans cet ouvrage, c'est que ce qui faisait la force des romans de Stephen King (l'épaisseur des personnages) est justement ce qui fait la principale faiblesse de la BD. Les personnages sont fades, insipides. De véritables stéréotypes sur pattes, que ce soient les adultes, pas très malins, et les ados carrément idiots la plupart du temps.
Impossible de s'identifier à un personnage, de se sentir concerné par ce qui lui arrive. Au fil des pages, je n'ai pas eu d'empathie pour un seul d'entre eux. Comme si Joe Hill avait réfléchi ses personnages en tant que fonctions dans une histoire plutôt qu'en tant que personnalités crédibles.
Bref, on ne va pas tourner autour du pot, ce fut une énorme déception. Moi qui ai la note plutôt généreuse... Je monte à 4. Le talent n'est pas génétiquement transmissible...
EDIT : J'entame la série sur Netflix. Elle me confirme une chose, c'est que si l'on ampute ce récit de son dessin grotesque, cela fonctionne mieux. Il reste encore pas mal de problèmes, mais c'est déjà nettement plus supportable et convaincant.