Pour entrer dans cet univers baroque, "Top 10" nous propose une histoire véritablement originale à plusieurs niveaux.
Le contexte ressemble un peu à celui de Neverwhere de Neil Gaiman, avec cette ville gigantesque peuplée de créatures venant de tout horizons. Fondamentalement, Alan Moore se sert des possibilités infinies offertes par ce postulat pour critiquer les pratiques des univers de super-héros de DC et Marvel. Les pouvoirs absurdes, les histoires de mondes parallèles, de dimensions diverses ou même de continuité alternatives ; on sent que l'auteur se lâche et n'oublie rien. Dans ce registre, le dessinateur s'en donne également à cœur-joie. Avec plus ou moins de discrétion selon les cases, on retrouve énormément de références à toutes sortes de licences célèbres : Dragon Ball, Tintin, Harry Potter, les Simpsons, Looney Toons, Disney et bien sur DC et Marvel dont de nombreuses silhouettes ressemblent très fortement à leurs icônes les plus célèbres.
Côté scénario, le génie de l'écrivain anglais frappe encore très fort. Ce dernier n'est pas très complexe. Il se montre, d'ailleurs, assez discret pendant une bonne partie du déroulement, laissant la part belle aux histoires du quotidien de ce commissariat. On pourrait presque prendre "Top 10" pour un roman graphique, tant les sujets abordés sont, en définitives, très commun : histoires sentimentales, conciliation de sa vie familiale et de sa vie professionnel, problèmes de discrimination, etc. Je pense que le message de Moore est de montrer que, lorsque tout le monde a des "pouvoirs", les héros sont finalement très semblables aux gens normaux.
Les chapitres s’enchaînent bien et on les parcours avec plaisirs tant chacune des situations diffèrent de la précédente de par ses protagonistes et son cas de figure.
Lorsque la conclusion intervient, on se rend comptes qu'en dépit de toutes les digressions qu'il a instillé, l'auteur avait prévu son coup de long durée.
C'est ce que j'adore chez Moore, la fin est aussi savoureuse que les moyens employé pour y parvenir.