Alors qu'on était assez confortablement installé dans une fiction autour de Kevin et des rouleaux mystérieux qui semblait pouvoir conduire à dénouer l'écheveau complexe de "Billy Bat", voici que ce diable d'Urasawa nous fait un nouveau "reboot" en nous propulsant au tout début des années 80 à la suite du "petit" Kevin, qui réapparaît quinze ans après les événements de Dallas en jeune "street artist" métis à l'apparence inspirée par Michael Jackson, lui aussi obsédé par la chauve-souris. S'il nous faut un petit temps d'adaptation à cette nouvelle branche uchronique - Michael Jackson existe-t-il dans cette version de notre monde où un groupe de tâcherons ringards ont composé "Thriller" ? Nous aurons la réponse en passant un peu plus tard dans ce douzième tome -, le plaisir revient vite, alors que Urasawa et Nagasaki relient cette nouvelle histoire à quelques fils précédents : la mise en scène de l'alunissage, les origines de Chuck Culkin. Si l'on peut regretter l'inclusion d'Adolf Hitler dans "Billy Bat" (comme dans le cas de Jésus au début de la saga, on est un peu dans le "too much", non ?), on se délectera particulièrement ici devant quelques pages magistrales (page 78 - l'homme-poivron ou page 110 - le lecteur de BDs) qui confortent notre addiction. [Critique écrite en 2015]