Avec "Billy Bat", Urasawa est-il en train de pousser le bouchon un peu trop loin ? Il y a un vieil adage qui dit que tout bouquin incluant le Christ est un mauvais bouquin, et honnêtement, l'apparition de la chauve-souris maléfique sous les cieux de Jerusalem n'est pas la meilleure idée qu'Urasawa ait jamais eue. Et puis, et puis voilà que notre auteur favori se rattrape avec un fantastique chapitre sur l'Amérique divisée sur le sujet des droits civiques des Noirs au cours des années 60, un chapitre intelligent et émouvant à la fois, bref l'habituelle maîtrise narrative dont Urasawa fait preuve quand il est en très grande forme. Du coup, on est un peu partagés entre l'irritation et l'étonnement devant ce pari un peu insensé qu'est Billy Bat : il y a d'une part ce thriller politique bien conduit au cœur du Japon occupé par les Américains qu'on aimerait bien suivre assidûment, et de l'autre ces digressions temporelles aberrantes qui nous offrent pourtant une foison de ces personnages dits "secondaires" que Urasawa sait si bien trousser... et entre les deux, notre cœur balance... [Critique écrite en 2012]